La Stratégie Nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat (SNANC) devait enfin être publiée ce vendredi 28 novembre, après plus de deux ans de retard sur le calendrier fixé par la loi dite Climat et Résilience. Sa publication a été interrompue à la dernière minute.
Un blocage gouvernemental aux motivations floues
Selon les informations publiées par la presse, Matignon affirme que « le Premier ministre n’ayant été ni informé ni ayant validé la stratégie, il est décidé de ne pas la publier ». Les raisons précises de ce blocage restent inconnues, mais pourraient être liées à l’objectif de réduction de la consommation de viande et de charcuterie.
Une décision incompréhensible face à l’urgence écologique et sociale
Ce revirement de situation est aussi incompréhensible qu’inacceptable. Alors que l’urgence écologique, sanitaire et sociale n’a jamais été aussi forte, le gouvernement se refuse de publier une stratégie pourtant travaillée depuis plus de deux ans, co-construite par trois ministères, nourrie des avis des plus hautes instances scientifiques françaises et ayant reçu plus de 4 000 contributions dans le cadre de la consultation publique. Ce processus rigoureux et les fortes attentes de la société civile laissaient espérer une stratégie à la hauteur de l’enjeu : garantir une alimentation saine, durable et accessible, réduire l’impact du système alimentaire sur le climat et la biodiversité, améliorer la santé publique et soutenir la souveraineté alimentaire.
Ce blocage de dernière minute vient s’ajouter à deux années de retard et témoigne d’une incapacité persistante à affronter les défis du système alimentaire. Chaque mois de retard dans la publication de la SNANC a un coût : un coût écologique, un coût sanitaire et un coût social (émissions de gaz à effet de serre, incidence de l’alimentation sur la santé, conditions de travail dégradées pour les agriculteurs, précarité alimentaire. Des mesures prioritaires pourtant largement reconnues
Des mesures prioritaires pourtant largement reconnues
Il est d’autant plus scandaleux d’observer que ce blocage intervient alors même que les institutions scientifiques convergent sur les mesures prioritaires à mettre en œuvre : réduction de la consommation de viande, régulation stricte de la publicité pour les aliments ultra-transformés destinés aux enfants et adolescents, amélioration de l’accès à une alimentation saine pour les ménages les plus précaires…
L’État ne peut plus se permettre de différer indéfiniment une stratégie aussi fondamentale. Les dépenses publiques liées aux conséquences environnementales et sanitaires de notre système alimentaire atteignent déjà 19 milliards d’euros par an : une aberration économique autant qu’un non-sens écologique.
Appel à la publication immédiate
Cette stratégie est indispensable. Elle ne peut plus attendre. Nous appelons à la publication immédiate de la SNANC. La société civile restera pleinement vigilante pour que ce blocage soit levé au plus vite et pour que les ambitions de la SNANC ne soient ni édulcorées ni sacrifiées.
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