Nous entendons régulièrement dans les médias des arguments contre le logo nutritionnel Nutri-Score qui peuvent paraître pertinents à première vue. Ainsi, les consommateurs se questionnent de plus en plus sur la fiabilité du logo. Ces arguments, qui sont portés par les lobbys industriels et parfois repris par des personnalités politiques locales, ont un objectif clair : décrédibiliser le Nutri-Score et empêcher qu’il devienne obligatoire dans l’Union européenne. La CLCV soutient le Nutri-Score dont l’efficacité pour aider les consommateurs à faire des choix plus sains a été prouvée par de nombreuses études scientifiques.

« Le Nutri-Score a été créé et est soutenu par les fabricants de junk food. Il favorise les aliments industriels et ultra-transformés »

Le Nutri-Score est un logo qui a été développé par une équipe de scientifiques indépendants et a été validé en conditions réelles d’achat en comparaison avec d’autres systèmes d’étiquetage nutritionnels.

Il est important de noter que pendant près de 4 ans, de nombreux et puissants lobbies industriels ont tout fait pour empêcher la mise en œuvre du Nutri-Score. À l’inverse, différents acteurs se sont mobilisés pour convaincre et démontrer l’intérêt du Nutri-Score : scientifiques, professionnels de santé, associations de consommateurs. Par exemple, la pression des consommateurs et de la société civile a poussé Nestlé, qui était à l’origine réfractaire au Nutri-Score, à finalement l’adopter en 2019. De nombreuses grandes entreprises continuent à combattre le logo et à refuser de l’afficher sur leurs produits : Coca-cola, Mondelez, Mars, Lactalis, …

Depuis que l’Europe a annoncé en mai 2020 la mise en place au niveau européen d’un étiquetage nutritionnel harmonisé obligatoire, les lobbies sont de plus en plus nombreux pour discréditer le logo. Les arguments sont repris par certains députés qui prétendent défendre la gastronomie locale et qui donnent l’impression aux consommateurs que le logo favorise les produits industriels. En réalité, le Nutri-Score ne fait que reprendre les données nutritionnelles actuellement indiquées sous forme de tableau et peu compréhensibles.

« Le Nutri-Score n’a aucun intérêt et est trompeur pour le consommateur, la preuve : certains aliments ultra-transformés contenant des additifs ou des pesticides sont bien classés ! »

Le Nutri-Score est un étiquetage qui informe sur la qualité nutritionnelle. Il n’intègre pas les additifs, le degré de transformation et les pesticides. Les scientifiques s’accordent pour dire qu’il est impossible de développer un indicateur qui couvrirait l’ensemble de ces éléments. Ils sont à prendre en compte en complément du Nutri-Score. La CLCV encourage les consommateurs, en plus de choisir le produit avec le meilleur Nutri-Score, à choisir les produits avec une liste d’ingrédients la plus courte possible afin d’éviter les additifs, de privilégier les aliments bruts et si possible labellisés Bio. Ce sont d’ailleurs les recommandations des politiques de santé actuelles.

Bien que le Nutri-Score n’informe que sur la composition nutritionnelle des aliments, cela représente déjà beaucoup en termes de santé publique (comme le démontrent de nombreuses études scientifiques montrant son effet favorable sur le choix des consommateurs et son impact attendu sur la morbidité et la mortalité).

Des améliorations dans le calcul du score ont été validées et seront mises en application en 2024. Par exemple, la présence d'édulcorants (aspartame par exemple) sera prise en compte de façon négative dans le calcul de la note. Ainsi, une boisson contenant un édulcorant ne pourra pas avoir une note au-dessus de C.

Des propositions ont été faites (mais pas validées à ce stade) pour identifier les aliments ultra-transformés. Il s’agit d’une bordure noire autour du Nutri-Score (voir image ci-dessous) si l’aliment est ultra-transformé :

« Le Nutri-Score n’a aucun intérêt et est trompeur pour le consommateur, la preuve il classe l’huile d’olive moins bien que le Coca-Cola Light ou les céréales petit-déjeuner »

Le Nutri-Score ne classe pas les aliments en « sains » ou « malsains » !

En réalité, le consommateur a besoin de pouvoir comparer la qualité nutritionnelle des aliments qui ont une pertinence à se substituer dans leur consommation, leur usage ou leurs conditions d’achat. Ainsi, comparer l’huile d’olive au Coca-Cola Light n’a aucun sens. La question ne se pose absolument pas de cette façon pour les consommateurs au moment de leur acte d’achat ou de leur consommation alimentaire ! Il est très peu probable que le consommateur envisage d’assaisonner sa salade avec du Coca-Cola ou de se rafraîchir avec de l’huile d’olive…

Par définition, le Nutri-Score n’invente rien. Il ne fait que retranscrire sous forme synthétique les éléments de la composition nutritionnelle du produit qui figurent sur l’étiquette nutritionnelle présente à l’arrière de l’emballage. 

« Le Nutri-Score n’a aucun intérêt et est trompeur pour le consommateur, la preuve les pizzas sont saines… »

Les nutritionnistes ne recommandent pas de consommer régulièrement des pizzas industrielles mais pour les consommateurs qui décident d’en manger, autant leur permettre de reconnaître celles avec le profil nutritionnel le plus favorable. Le Nutri-Score permet de comparer leurs compositions nutritionnelles.

« Le Nutri-Score n’a aucun intérêt et est trompeur pour le consommateur, la preuve, les frites sont classées A ou B… »

Les frites surgelées non précuites ne sont rien d’autre que de la pomme de terre épluchée et ont un Nutri-Score A.

Les frites précuites ont généralement subi un processus de pré-friture industrielle ayant un impact faible sur les quantités de matières grasses dans le produit. Elles ont donc un Nutri-Score A ou B en fonction du type d’huile utilisé et de sa quantité.

Le mode de cuisson a aussi son importance. En effet, les frites cuites au four ne changent pas de catégorie de Nutri-Score après cuisson alors que les frites cuites à la friteuse peuvent passer à 1 ou 2 classes supérieures du Nutri-Score selon le type d’huile utilisée. La cuisson en friteuse conduit à une pénétration d’huile plus importante dans les produits.

L’ajout de sel ou de sauces peut également rendre les frites très caloriques.

« Le Nutri-Score s’attaque aux aliments traditionnels. Il pénalise les bons produits AOP/AOC et IGP… »

Si les fromages ou les charcuteries (AOP ou non) sont majoritairement classés Nutri-Score D ou E (certains en C), c’est lié à leur richesse en graisses saturées et en sel. Ceci n’indique pas qu'ils ne doivent pas être consommés, mais qu’ils doivent l’être avec modération en accord avec les recommandations de santé publique.

Ce n’est pas parce qu’un produit est traditionnel, rattaché au terroir, produit selon un savoir-faire souvent ancestral et qu’il fait partie du patrimoine culinaire qu’il faut refuser aux consommateurs la transparence nutritionnelle et donc d’afficher Nutri-Score.

 Même avec une AOP/AOC ou une IGP, un produit gras, sucré ou salé même traditionnel reste un produit gras, sucré ou salé ! 

« Le Nutri-Score n’a aucun intérêt et est trompeur pour le consommateur. Il est calculé pour 100g… Mais on ne mange pas 100 g d’huile d’olive ou 100 g de roquefort »

Le Nutri-Score est calculé pour 100g de produits (ou 100ml pour les liquides), ce qui permet aux consommateurs de comparer plus facilement les produits entre eux indépendamment de la quantité consommée. Par exemple pour comparer 100 ml d’huile d’olive à 100 ml d’une autre huile ; 100g de céréales petit-déjeuner à 100g d’autres céréales ; 100 g de Comté à 100g de Camembert ou de Roquefort ou de Mozzarella…

La taille des portions est difficile à définir pour les aliments car elle varie en fonction de l’âge, du sexe, de l’activité physique/sédentarité… Ainsi, il est difficile de calculer un logo universel s’appuyant sur différentes tailles de portions ou d’afficher plusieurs logos sur les emballages en fonction des différents groupes de population. Comme les tailles de portions ne peuvent être standardisées sur des bases scientifiques, elles sont fixées par les fabricants eux-mêmes. Elles sont donc très variables d’un fabricant à l’autre et bien souvent en dessous des portions réellement consommées. Par exemple, les fabricants de céréales petit-déjeuner suggèrent des portions de 30 g alors que la majorité des adolescents consomment 60 ou 80 g par portion.

Par ailleurs, il est difficile pour le consommateur d’évaluer à quoi cela correspond en pratique : c’est quoi 35 g de mimolette ? 120 g de pizza ? 15 g de pâte à tartiner ? …

Un travail scientifique a montré qu’un logo par portion proposé en 2016 par de grands industriels (Coca-Cola, Pepsi, Nestlé, Mars, Mondelez, Unilever) était faussement rassurant et aboutissait à la sélection par les consommateurs de portions plus grosses pour des aliments de faible qualité nutritionnelle. Par exemple, le Nutri-Score d’une pâte à tartiner calculée pour 100g est E. Le Nutri-Score pour une portion de 15g (définie par le fabricant) serait C, donc bien meilleur, et conduit les consommateurs à en manger une plus grosse portion ! L’effet est donc complètement contre-productif !

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