L’opposition de certains secteurs économiques envers le Nutri-Score est bien connue depuis plusieurs années, mais les acteurs qui font pression sur les décideurs politiques européens et la nature de leurs échanges restaient très confidentiels.

L’association Foodwatch a fait une demande officielle d’accès aux documents auprès de la Commission et a mis la main sur ces échanges, que le BEUC a ensuite analysés. Petit tour d’horizon.

Un déséquilibre entre les acteurs économiques et les représentants de la société civile

Le BEUC a constaté un déséquilibre évident entre les acteurs économiques et la société civile. Alors que la Direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire a rencontré dix-sept fois les acteurs de l’industrie alimentaire en 2022, elle n’a auditionné que deux fois des représentants de la société civile (dont un événement auquel la Commission a participé et qui n’était pas un échange a proprement parlé).

Des arguments scandaleux … qui font mouche

Le gouvernement italien se révèle être le lobby le plus actif. Il est clair que le jambon de Parme (qui est salé !) et les chocolats Ferrero (qui sont gras et sucrés) n’obtiendraient pas de bonnes notes sur l’échelle Nutri-Score. Lors d’une réunion du 27 octobre 2022 entre la représentation italienne, la Federalimentare (fédération italienne des industries alimentaires), le chef de cabinet du commissaire à l’agriculture ainsi que la direction générale de l’agriculture et du développement rural (DG Agri), l’Italie souligne qu’il n’y aurait pas de preuves scientifiques en faveur du Nutri-Score et qu’il ne serait pas utile pour le consommateur. Arguments complètement faux puisque de nombreuses recherches scientifiques indépendantes (plus de 100) montrent qu’il s’agit du logo le plus efficace pour le consommateur.

Encore plus absurde : l’Italie suggère que les notes « rouges » apposées sur les produits sucrés comme le chocolat feraient chuter la consommation de chocolat, ce qui nuirait aux pays producteurs de cacao et augmenterait l’immigration en Europe...

Le pire, c’est que ces arguments font mouche puisque la Commission recule sur ses engagements et s’abstient de toute décision.

Et maintenant ?

Le Nutri-Score est un outil essentiel pour prévenir l’obésité et il est urgent que les autorités prennent des décisions à la hauteur pour aider les consommateurs à choisir des produits plus sains. Si la Commission ne tient pas sa promesse, le BEUC souligne qu’elle doit accorder aux États membres la liberté de rendre obligatoire le Nutri-Score pour que les consommateurs en bénéficient. 

En France, le logo est de plus en plus présent sur les produits, mais encore 40% d’entre eux ne l’affichent En effet, certains grands groupes industriels comme Lactalis, Coca-Cola ou Mondelez refusent toujours sa présence sur leurs emballages. Rappelons que le Nutritionniste-Score ne sera totalement efficace que lorsque l’ensemble des produits l’afficheront !

Le rapport du BEUC (en anglais)

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