Après avoir attaqué pendant plusieurs semaines les aides personnelles au logement, les pouvoirs publics semblent acter que les loyers sont trop chers. C’est une réalité… malheureusement, les mesures proposées ne concernent que le parc social, alors que les loyers y sont règlementés et parmi les plus faibles. Il est urgent d‘agir sur le parc privé, où les loyers continuent d’augmenter. L’encadrement prévu par la loi ALUR constitue un dispositif efficace, comme le montrent les études de l’OLAP[1]. Nous ne pouvons donc attendre son évaluation. À Lyon, les loyers ont augmenté de 3,6 % en 2017[2]. Dans 6 ans, l’encadrement viendra juste constater que les loyers sont trop élevés, comme cela s’est passé à Paris.

Par ailleurs, il est paradoxal de demander aux organismes HLM de construire plus tout en les privant d’une partie de leurs capacités financières. 50 à 60 euros de baisse de loyers, ce sont 1,5 à 2 milliards d’euros de trésorerie en moins. Une perte qui ne sera pas compensée par les avantages annoncés (réaménagement de la dette, maintien du taux du Livret A…) et qui fait craindre une dégradation de l’entretien, voire un abandon de certains projets de rénovation. Une nouvelle fois, le gouvernement annonce des mesures qu’il fera payer par d’autres. En matière de politique de la ville, la CLCV n’est pas dupe. Action Logement va une nouvelle fois être mis à contribution.

Le président de la CLCV, Jean-Yves Mano, estime que : « nous sommes face à une stratégie budgétaire et non une stratégie logement. Les efforts sont uniquement demandés à nos concitoyens les plus fragiles. » Et d’ajouter : « le gouvernement ne remet pas en cause le soutien au secteur du bâtiment. Une politique qui coûte plus de 2 milliards d’euros par an au budget de l’État alors qu’elle est un facteur de hausse des coûts de l’immobilier et du foncier. »

Concernant le développement de l’offre, la stratégie comporte des pistes intéressantes dans le domaine du foncier (libération de terrains publics, mesures fiscales et opérations d’intérêt national). La CLCV appelle depuis deux ans à la création d’un véritable marché du foncier

La CLCV demande au ministère un dialogue franc et constructif. Si le gouvernement souhaite remettre en cause le modèle du logement social, qu’il affiche clairement sa politique aux Français.



[1] Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne.

[2] Sources CLAMEUR.