C’est quoi un parfum d’intérieur ?

On distingue 2 types de parfums d’intérieur : les produits combustibles comme les bougies parfumées, les encens et les produits non combustibles comme les vaporisateurs, les diffuseurs automatiques, les bâtonnets imbibés de parfum…

Si leur mode de diffusion diffère, tous émettent des « composés organiques volatils » (COV), un groupe de substances gazeuses* qui peut générer des conséquences sur la santé humaine. Et pour cause : certains sont irritants sur les voies respiratoires et les muqueuses oculaires comme l’acroléine et le formaldéhyde, quand d’autres sont reconnus comme des perturbateurs endocriniens (phtalates), des toxiques pour le foie (limonène) ou des cancérigènes avérés par le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC) (formaldéhyde, benzène…). « Ils présentent parfois toutes les caractéristiques néfastes en même temps et plus la dose dans notre environnement est élevée et l’exposition longue, plus l’effet est délétère », explique le Dr Christophe Marcot, pneumologue aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg et membre de l’association santé environnement France (ASEF).

* À température ambiante

L’impact des désodorisants, encens et bougies parfumées sur notre air intérieur 

« Quel que soit le type de parfum, il existe une toxicité. Et plus on les utilise, plus ces émissions présentent des risques pour la santé. Si tous contiennent des COV, les encens et les bougies parfumées libèrent aussi au moment de leur combustion énormément de particules fines de combustion », explique le Dr Christophe Marcot.

Sans oublier que les COV sont aussi produits par d’autres sources comme les produits ménagers et de bricolage (colles, résines, vernis...), les éléments décoratifs et le mobilier, les matériaux isolants de nos bâtiments, le tabagisme, l’utilisation de la cuisinière à gaz ou du poêle à bois… En se cumulant les unes les autres, elles créent un effet « cocktail » et n’en sont que plus dangereuses pour les occupants des logements. « Rien d’anodin car l’addition des polluants crée une véritable multiplication des symptômes (irritations, maladies respiratoires…). Il est d’ailleurs particulièrement recommandé de limiter l’exposition à ces parfums auprès des enfants, des femmes enceintes et des personnes avec des problématiques comme l’asthme, la BPCO, les rhinites… »

Des huiles essentielles à utiliser avec précaution

Ce constat s’applique également aux huiles essentielles. Car naturel ne veut pas dire inoffensif. En effet, celles-ci peuvent également émettre des COV notamment des terpènes, qui peuvent irriter les voies respiratoires ou causer des allergies. Comme l’indique l’Ademe : « Bien que naturelles et issues de plantes, les huiles essentielles ne sont pas sans impact sur la qualité de l’air dans la maison, ni sans impact sur la santé. Qu'ils soient conventionnels ou porteurs d'un label environnemental, les produits parfumés à base d’huiles essentielles représentent bien une source majeure de Composés organiques volatils (COV). ». Une conclusion à laquelle s’ajoutent les précautions de l’ANSES : « la présence d’huiles essentielles dans l’air peut aggraver ou provoquer un asthme. ».

Les réflexes à retenir

« Nous respirons chaque jour 14 000 litres d’air et passons près de 90 % du temps en intérieur. Il est donc évident que la qualité de l’air intérieur est une priorité pour notre santé », explique l’association santé environnement France. Certaines règles sont alors à adopter comme :

  •  « Aérer 10 minutes par jour très tôt le matin et très tard le soir, été comme hiver, au moment où le trafic routier est moins important et les allergènes de saison moins présents. L’aération reste le meilleur moyen de se débarrasser des mauvaises odeurs. Il est important de se rappeler que le propre n’a pas d’odeur et qu’une odeur agréable n’est pas nécessairement synonyme d’un air sain », explique le Dr Christophe Marcot.
  • Limiter au maximum l’utilisation des produits parfumés. « La meilleure prévention est d’éviter de faire entrer de la pollution chez soi. »
  • Nettoyer son intérieur au maximum sans produits chimiques. Utiliser à la place de la vapeur, des chiffons humides ou en microfibres, du vinaigre blanc ou du bicarbonate de soude. En cas d’achat de produits ménagers, privilégiez ceux avec un label environnemental, qui présentent moins de COV.
  • « Utiliser sur les conseils de son médecin un purificateur d’air. Nous manquons encore de données pour les encourager, mais celles que nous avons sont plutôt positives pour le moment ».

Le saviez-vous ?

Selon le rapport Santé publique France de 2016, la pollution de l’air extérieur serait à l’origine en France de 48 000 décès prématurés avec une perte en moyenne de 9 à 15 mois d’espérance de vie. Si les effets de cette pollution sont plus importants dans les grandes villes, les petites et moyennes agglomérations sont tout aussi concernées. Les résultats montrent aussi que l’exposition à la pollution quotidiennement et dans la durée a un impact plus important sur la santé. Les pics de pollution ayant un effet marginal. « Sur la pollution de l’air intérieur, il nous manque aujourd’hui des données et les chiffres que nous avons sont très sous-estimés. D’où l’importance d’être vigilant chez soi, car l’air de nos logements peut être aussi pollué que l’air extérieur », explique le Dr Christophe Marcot.

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