« Les générations futures vont hériter d’un patrimoine empoisonné ! » Josiane Kieffer, représentante de la CLCV en Alsace au sein du collectif Destocamine, ne décolère pas. Depuis plus de 12 ans, notre organisation se mobilise aux côtés de la population locale pour que les 44 000 tonnes de déchets industriels dangereux entreposés à 600 mètres sous terre dans une ancienne mine de potasse en Alsace soient déstockés et ramenés à la surface pour être traités. Ce centre est le seul site en France  à stocker les déchets industriels les plus dangereux, ceux de classe 0. L’exploitation a débuté en 1999, elle est à l’arrêt depuis 2002 suite à un incendie dont les fumées sortant du puits ont intoxiqué la population durant 3 mois.

Bras de fer

En 2012, le gouvernement a décidé la fermeture du site, mais la question de faire remonter tous les déchets à la surface n’était pas envisagée. Après un long bras de fer entre les associations et les pouvoirs publics, maintes expertises, une consultation publique entre novembre 2013 et février 2014 le déstockage total n’a pas convaincu la ministre de l’Ecologie, qui a très récemment rendu un arbitrage sur ce dossier.

Il est ainsi envisagé de déstocker 11 % des 44 000 tonnes de déchets dangereux contenant des cyanurés, des arséniques, et autres substances extrêmement toxiques. Le reste sera confiné à jamais ou tout au moins c’est ce qu’espèrent les pouvoirs publics. Le risque zéro n’existant pas, rien ne garantit que la nappe phréatique la plus grande d’Europe ne soit pas un jour polluée et donc inutilisable pour les riverains du Rhin, français, suisses ou allemands.

Lettre ouverte à la ministre de l’Ecologie

Le 11 septembre 2014, jour anniversaire de l’incendie qui a mis fin à l’exploitation du site par l’entreprise Stocamine, le collectif a envoyé une lettre ouverte à Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, pour lui dire son indignation et lui demander, nombreux arguments à l’appui, de réétudier le projet de fermeture du site.

Un site où, depuis 12 ans, «  rien ne s’est concrétisé, rappelle le collectif Destocamine, sinon 60 millions d’euros dépensés par l’Etat pour l’entretien de la mine à cause de tergiversations quant à la modalité de fermeture du site ».

Une gabegie économique

Dans un référé rendu public le 16 juin 2014, la Cour des comptes dénonçait « l’attentisme des pouvoirs publics » sur l’avenir de ce centre de stockage à Wittelsheim dans le Haut-Rhin. Un attentisme que la Cour chiffrait à 45 millions d’euro, sans compter les coûts d’entretien. La Cour des comptes recommandait alors que le dossier ne soit pas à nouveau retardé.

Une décision urgente s’impose, mais pas n’importe laquelle. Afin de rappeler cette exigence et demander, une nouvelle fois, le déstockage total des 44 000 tonnes de déchets pour préserver la plus grande nappe phréatique d’Europe, le collectif Destocamine a organisé, samedi 18 octobre 2014 à 14 heures, un rassemblement devant le site.