Les statistiques sont des plus inquiétantes. Selon un avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), rendu public fin novembre, 66 % des adolescents présentent un risque sanitaire préoccupant. Pour 49 %, ce risque est même très élevé. En cause ? Principalement le temps passé devant les écrans (plus de 2h par jour dans le premier cas, plus de 4h30 dans le second) et l'inactivité physique (moins de 60 minutes par jour pour les premiers, moins de 20 minutes pour les seconds).

Ces conclusions rejoignent celles de l'enquête nationale EnCLASS, dont de nouveaux résultats ont été publiés en janvier et qui portent sur plus de 20 000 collégiens et lycéens. Selon elle, si la majorité des collégiens pratiquent du sport plusieurs fois par semaine, seul un sur 10 a une activité physique quotidienne correspondant aux recommandations. Au niveau alimentaire, le bilan n'est pas meilleur. Moins de la moitié des adolescents (47,7 %) mangent quotidiennement des fruits et/ou des légumes, tandis que près du quart consomment tous les jours des sucreries et autant des boissons sucrées. La moitié seulement prend par ailleurs un petit-déjeuner tous les jours et 2 sur 10 n'en prennent jamais en semaine.

Des conséquences sur la santé à long terme

La sédentarité, le manque d'activités physiques et une alimentation déséquilibrée ne sont pas sans conséquences sur la santé des adolescents. L'enquête EnCLASS indique en effet que : « à partir de leurs déclarations de poids et taille, 9,2 % des collégiens seraient en surpoids et 1,9 % obèses ». En 2019, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques avait pour sa part estimé que : « en 2017, 18 % des adolescents en classe de troisième sont en surcharge pondérale et 5 % sont obèses ». Des chiffres « en hausse, en particulier pour les filles (de 17 % en 2009 à 20 % en 2017) » et marqués par de « fortes inégalités sociales » : « 24 % des enfants d’ouvriers sont en surcharge pondérale et 8 % sont obèses, contre respectivement 12 % et 3 % des enfants de cadres. »

Pour l'Anses, cette augmentation « est imputable à un certain nombre de facteurs, les plus importants étant le changement de régime alimentaire (avec la consommation d'aliments très énergétiques à haute teneur en graisses et en sucre), la diminution de l'activité physique et l'augmentation des comportements sédentaires ».

L'Anses alerte également sur l'altération des qualités du sommeil et de vie induite par la sédentarité, ainsi que sur la survenance ou le développement de troubles alimentaires. Des études montrent en effet qu'elle augmente non seulement la quantité de nourriture et de boissons ingérée, mais aussi leur mauvaise qualité nutritive : « le temps passé devant la télévision est associé positivement à la consommation de boissons sucrées et négativement associé à la consommation de fruits et légumes ».

Cet état de fait est d'autant plus inquiétant que « l’adolescence est une période charnière au cours de laquelle les habitudes acquises ont tendance à se pérenniser voire à s’accentuer à l’âge adulte avec des effets associés sur la santé ». L'impact est donc à court terme mais aussi à long terme.

L'activité physique à promouvoir

Pour les adolescents, comme pour les adultes, il est indispensable d'avoir une activité physique d'au moins 60 minutes par jour. Cela peut passer par la pratique d'un sport, mais cela peut être aussi toute autre activité sollicitant les muscles et le cardiovasculaire ou améliorant la souplesse. Comme par exemple les déplacements à pied, le fait de prendre les escaliers, des exercices d'assouplissement, des jeux, de la danse, etc.

Pour y parvenir et motiver les adolescents, l'Anses recommande les « activités entre amis, en club ou en famille », qui associent « sport, jeu et plaisir », et de proposer un choix large, en les laissant choisir celles qui leur procureront le plus de satisfaction.

L'Anses recommande également de rompre le plus régulièrement possible les temps de sédentarité par des pauses actives toutes les deux heures : pour se lever, s'étirer, marcher un peu, faire du rangement, des courses, etc. Selon l'agence en effet, « c’est la concomitance de l’augmentation de l’activité physique et la réduction des temps cumulés et continus de sédentarité qui produira les effets les plus marqués sur la santé ».

L'urgence d'un meilleur encadrement du marketing alimentaire

Concernant l'alimentation, Le guide nutrition des enfants et ados pour tous les parents du Programme National Nutrition Santé sera une aide précieuse pour connaître les recommandations nutritionnelles et avoir en tête quelques repères de consommation. Il contient par ailleurs nombre de conseils pour les parents afin de les aider à instaurer de bonnes habitudes ou à faire face à des troubles alimentaires.

Face à cet enjeu de santé publique, un encadrement plus strict des publicités à destination des enfants et des adolescents s'impose également. Comme l'a montré une étude de Santé publique France publiée en juin 2020, elles promeuvent en effet « majoritairement des publicités pour des produits de Nutri-Score D et E », c'est-à-dire des produits de faible intérêt nutritionnel mais à haute densité énergétique. C'est pourquoi la CLCV demande depuis plusieurs années leur interdiction à la télé, la radio, sur les réseaux sociaux et les plateformes de partage vidéo.

Pour en savoir plus lisez notre article Publicité dans les programmes pour enfants, à quand un encadrement plus strict ?

Crédit photo : Rawpixel.com  - stock.adobe.com