Les chiffres de l’obésité infantile sont préoccupants. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à l’échelle mondiale, le nombre de cas d’obésité a presque triplé depuis 1975.

 En 2017 en France, 18 % des adolescents scolarisés en classe de troisième sont en surcharge pondérale, dont plus d’un quart sont obèses. Les publicités en faveur d’aliments ou boissons trop riches en matières grasses, en sucres ajoutés ou en sel sont considérées comme un facteur de risque pour l’obésité infantile. Les données scientifiques montrent que la publicité à la télévision influe sur les préférences alimentaires des enfants, leurs demandes d’achat et leurs modes de consommation.  

Des mesures actuelles  actuelles insuffisantes

Aujourd’hui, la protection du jeune public s’appuie sur « l’autorégulation » via l’initiative européenne « EU Pledge » et la charte alimentaire du CSA. Des géants de l’agroalimentaire comme Nestlé, Coca-Cola, Kellog’s ou encore Mc Donald adhèrent au « EU Pledge » et se sont engagés à ne pas diffuser de la publicité pendant les programmes destinés au moins de 12 ans, à l’exception des produits bons d’un point de vue nutritionnel. « EU Pledge » ne va pas assez loin. Il ne s’applique pas aux heures de grande écoute ni à la publicité digitale. Il ne protège pas les adolescents, qui sont un public très influençable. Quant à la charte du CSA, applicable depuis février 2020, elle ne fait que renforcer l’obligation de diffuser un certain volume de programmes relatifs à une alimentation saine et durable. Mais ces programmes favorables à la santé ne remplacent pas la réduction de l’exposition à la publicité des produits gras, salés et sucrés ! 

Plusieurs études montrent que les engagements volontaires sont très insuffisants pour assurer une prévention efficace du marketing ciblant les enfants pour des aliments déséquilibrés. En France, c’est également la conclusion du rapport de la Cour des comptes sur la prévention et la prise en charge de l’obésité de novembre 2019 : « Le principe de l’autorégulation en matière de publicité alimentaire à destination des enfants s’est révélé peu efficace » et « la France devrait se doter d’une régulation normative de la publicité pour enfant ».

Un projet de code de bonne conduite : une blague ?

Le projet de loi « Communication audiovisuelle et souveraineté culturelle » souhaite renforcer la protection des publics sur l’ensemble des médias audiovisuels, et notamment la protection des enfants face au marketing alimentaire. Mais l’article 54 du projet ne cite qu’un « code de bonne conduite ». 

Il ne va donc pas plus loin que les « chartes d’engagement volontaires » actuelles prisent par les industriels et les annonceurs c’està-dire ne pas diffuser de la publicité pendant les programmes destinés au moins de 12 ans pour les produits alimentaires (et boissons) trop gras, salés et sucrés. La CLCV défend un encadrement plus strict de ces publicités afin de réduire efficacement l’exposition des enfants à ces produits.

La loi doit imposer un meilleur encadrement des publicités 

Si la CLCV s’est réjouie de l’adoption en 2017 de la proposition de loi relative à la suppression de toute la publicité commerciale dans les programmes de la télévision publique destinés aux enfants de moins de 12 ans, nous considérons que cette mesure ne constitue qu’un premier pas. Les enfants regardent d’autres chaînes que celles de l’audiovisuel public et passent de plus en plus de temps devant les écrans d’ordinateurs, tablettes ou smartphones, délaissant peu à peu les médias traditionnels. 

C’est pourquoi, dans le cadre des discussions qui ont lieu depuis fin mars à l’Assemblée nationale, nous avons fait une proposition d’amendement à l’article 54 visant à interdire la publicité pour les aliments riches en matières grasses, en sucres et en sel à destination des enfants et adolescents à la télé, radio, sur les réseaux sociaux et les plateformes de partage vidéo.


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