Des attributions de logements inadaptés

Dans plusieurs villes, les prix de l’immobilier privé ont conduit à une forte hausse de la demande de logements sociaux. Si la plupart des attributions se passent sans encombre, il arrive que l’offre de logements ne soit pas ou plus adaptée. C’est notamment le cas à Strasbourg. En 2019, 8312 demandes de changement de logement social ont été enregistrées auprès de l’Agence de développement et d’urbanisme de l’agglomération strasbourgeoise (soit 40 % de l’offre totale de logements sociaux sur la métropole). 1080 concernaient une demande pour un logement plus petit. C’est ce que l’on appelle aussi une situation de sous-occupation (plus de pièces que d’occupants).

Pour beaucoup de locataires, cela est dû à une erreur dans le processus d’attribution initial, car plusieurs logements étaient destinés à des grandes familles, et non à des couples ou des personnes seules. Les logements récents sont aussi plus chers que l’ancien du fait de nouvelles conventions. La demande de changement de logement est surtout économique, du fait du montant très important des provisions pour charges, notamment sur le chauffage. En effet, au-delà d’un taux d’effort de 30 % (rapport entre loyer et revenus), il peut être difficile de bien vivre dans son logement. Cette situation touche particulièrement les personnes les plus vulnérables, telles que les plus de 65 ans. À Strasbourg, 430 demandes de changement de logement émanaient des personnes âgées de plus de 65 ans, avec comme premier motif un logement trop grand. Les raisons sont multiples : baisse de revenu lors de son départ à la retraite, changement de la composition du foyer, etc. 

Des solutions pour mieux loger les demandeurs

La CLCV du Bas-Rhin intervient depuis 2017 face à cette situation. Elle accompagne chaque mois une dizaine de locataires confrontés à la sous-occupation, afin de compléter les dossiers de changement de logement et les démarches administratives nécessaires. Elle trouve également des solutions pour les locataires devant régler des impayés du fait de loyers trop chers. L’objectif est d’accélérer le traitement des dossiers, en moyenne de 18 mois, afin que les locataires puissent enfin avoir un logement adapté à leurs besoins et leurs moyens. La CLCV du Bas-Rhin réalise également des ateliers d’information sur un dispositif encore peu connu : l’échange de logement social. 

Des locataires peuvent se mettre d’accord pour échanger leurs logements en fonction de ce qu’ils recherchent. Par exemple, une famille peut rechercher un logement plus grand ou plus proche de leur lieu de travail, tandis qu’une personne seule souhaiterait un logement plus petit. De tels dispositifs existent partout en France, sous forme de bourse de logement. Le changement de bail est beaucoup plus rapide, et peut se révéler bénéfique pour les locataires et le bailleur, qui trouvera un candidat adapté au logement désiré. Dans ce cadre, la CLCV s’associe au plan partenarial de gestion de la demande d’information des demandeurs (PGDID) de logements sociaux. Elle propose aussi la prise en compte des anciens loyers lors d’une réattribution de logement social, afin que les locataires aient bien la capacité de payer leur loyer et charges à un niveau raisonnable. Enfin, la CLCV continue son combat contre la réduction de loyer de solidarité, qui a grevé les budgets des bailleurs et bloquer de nombreuses constructions de logements décents et abordables. 

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