La boisson Outox, lancée en juin 2010 comme un breuvage antigueule de bois révolutionnaire, n’en finit pas de faire des remous.

Dès sa mise sur le marché, la CLCV avait pris position pour dénoncer une communication mensongère et irresponsable [1] . Le 21 octobre 2010, l’Anses, agence française en charge de la sécurité alimentaire, a rendu un avis sans appel :

  • la composition du produit n'a pas été précisée et la méthodologie de l'étude fournie par le professionnel n'est pas appropriée ;
  • les réductions du taux d'alcoolémie observées sont d'une amplitude trop faible et sont trop variables pour réduire les conséquences, notamment comportementales, induites par l'alcool ;
  • l'Anses a également fait la synthèse des données existantes quant aux effets du fructose et de la vitamine C sur l'alcoolémie. Elle indique que ces études ne permettent pas de conclure quant à l'effet de ces nutriments sur l'élimination de l'éthanol ;
  • en conclusion, l’agence considère que l'allégation relative à la baisse de l'alcoolémie n'est pas fondée scientifiquement et n'est donc pas recevable.

Faisant fi de cette expertise officielle, le fabricant vient d’annoncer qu’il entendait maintenir sa communication. Son PDG confirme qu’Outox est bien un « safety drink [2] » qui permettrait « d’accélérer la baisse naturelle du taux d’alcool et de prévenir les lendemains difficiles » (sic !).

Pour la CLCV, Outox dépasse les bornes et nous appelons les pouvoirs publics à ne pas céder à ce passage en force. Il est d’ailleurs scandaleux que le fabricant prétende que l’Anses n’a pas de compétence pour se prononcer alors que l’agence a été saisie expressément par Bercy !

Sur le fond, il convient de rappeler qu’Outox tombe sous le coup de la réglementation européenne de 2006 sur les allégations santé. Dans ce cadre, il est prévu que seuls des produits dont les vertus ont été jugées crédibles par les instances d’expertise puissent être commercialisés. Le professionnel a, semble-t-il, bien déposé un dossier auprès de l’agence européenne de sécurité alimentaire. Mais l’avis de cette dernière et sa traduction en termes réglementaires ne sont pas attendus avant de longs mois et, d’ici là, l’entreprise compte bien continuer à vendre son élixir.

Compte tenu du caractère éminemment sensible des vertus revendiquées par Outox, il était indispensable que les autorités françaises se saisissent sans tarder du problème. Nous demandons qu’à partir de l’avis rendu par l’Anses, la DGCCRF exige le retrait de l’ensemble des allégations litigieuses y compris la mention « safety drink », le détour par la langue de Shakespeare n’atténuant en rien le message délivré au consommateur.

Réagissez sur notre blog. 


[2] Boisson sécurité

 

Publié le 26/10/10