Dans les prochains mois, les consommateurs pourraient être confrontés à une hausse brutale des prix alimentaires. Comme en 2008, les matières premières agricoles flambent et un certain nombre d’industriels de l’agroalimentaire annoncent qu’ils vont devoir répercuter ces hausses. Si celles-ci sont réelles, de 50 à 70% sur un an pour les céréales par exemple, leur répercussion mécanique au consommateur est en revanche très contestable.

En étudiant les indices de prix de l’Insee sur la décennie écoulée, la CLCV constate en effet que les prix alimentaires — qui ont eu tendance à progresser plus vite que l’inflation globale — sont pour l’essentiel déconnectés des prix agricoles. Alors qu’au niveau de la production, les augmentations succèdent aux baisses, les prix en rayon sont presque toujours orientés à la hausse. Si l’année 2008 a été marquée par une augmentation des prix alimentaires (+5.7%) et des prix agricoles (+30%), la forte baisse de ces derniers entre 2008 et 2009 est passée inaperçue dans les rayons.

La CLCV a étudié les évolutions de prix pour 4 filières sur la période 2000 à 2010 :

  1. En ce qui concerne le lait, les baisses du prix au producteur observées de 2001 à 2007 n’ont pas du tout été transmises au consommateur et celle observée après 2008 ne l’a été que partiellement ;
  2. Quant aux pâtes, leur prix a bondi de 22% suite à la flambée du blé dur de 2007. La baisse qui a suivi n’a guère bénéficié au consommateur et la marge brute cumulée des industriels et distributeurs semble même avoir augmenté ;
  3. Les prix du porc à la production ont, depuis 2001, reculé mais pas les prix au consommateur et l’Observatoire des prix a constaté une augmentation de la marge brute de la grande distribution;
  4. Pour la volaille, entre 2006 et 2008, les prix « sortie élevage » ont flambé de 32 % ce qui s’est traduit par une augmentation de 16 % dans les rayons. A partir de mi 2008, les prix au producteur ont reculé fortement tandis que les prix au consommateur se sont maintenus à leurs niveaux de 2008-2009.

Alors que la volatilité des prix agricoles s’annonce croissante, cette différence dans la transmission des hausses et des baisses risque d’affecter sérieusement le pouvoir d’achat des ménages. D’où l’importance d’une transparence sur la formation des prix.

Un premier pas dans ce sens a été franchi avec la mise en place d’un Observatoire des prix et des marges. Mais il ne permet pas, pour l’instant, de suivre les marges nettes par produit, information pourtant plus éclairante sur la répartition de la valeur ajoutée entre acteurs que les seules marges brutes.

Par ailleurs, en dépit des objectifs de la Loi de modernisation de l’économie de 2008, les données dont nous disposons indiquent que la concurrence entre enseignes de la grande distribution n’est guère plus dynamique qu’auparavant. Un tel statu quo est évidemment défavorable aux consommateurs et nous demandons qu’un état des lieux exhaustifs de la concurrence au niveau local soit établi afin de remédier aux situations de position dominante.

 

Lisez notre étude et Réagissez sur notre blog.

 

Publié le 09/11/10