Depuis quelques semaines, la Commission européenne et le gouvernement français laissent une huile contaminée par des hydrocarbures passer dans la chaîne alimentaire. A petites doses, elle arrive dans nos assiettes à notre insu, mais avec l’aval des pouvoirs publics.
 

Au point de départ de cette affaire, il y a une alerte lancée le 22 avril par un industriel suite à la détection d’une « huile minérale pure » dans de l’huile de tournesol achetée à Lesieur. Le lot contaminé provient d’Ukraine et l’ensemble de la cargaison correspondante a semble-t-il été saisi. Mais une série de contrôles révèle qu’une autre importation ukrainienne, déchargée à Sète en février, était elle aussi contaminée. 

La France n’est sans doute pas le seul pays concerné : d’autres états membres importent de l'huile ukrainienne et une alerte est lancée par la Commission européenne. L’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie, la Grèce, Malte et l’Espagne sont aussi touchés. 

Les agences sanitaires européennes et françaises ont été saisies en urgence pour évaluer le risque potentiel pour les consommateurs. Mais, curieusement, les pouvoirs publics se sont appuyés sur l’expertise des toxicologues pour définir un niveau de contamination tolérable, réputé sans risque pour la santé.  

Concrètement, seuls les produits contenant plus de 10% d’huile de tournesol contaminée font l’objet d’un retrait. Pour le reste, ce sont les consommateurs qui dégustent...

Rappelons que, d’après l’administration française, le contaminant provient du raffinage du pétrole et qu’il est destiné à lubrifier des machines et non à entrer dans la composition des vinaigrettes, plats cuisinés ou mayonnaises. 

La CLCV considère que la manière dont est gérée cette crise est déplorable. En effet :

  • Dans son avis du 7 mai, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments souligne qu’il serait souhaitable de préciser plus finement la composition du contaminant. Les experts ne peuvent exclure qu’une fraction des huiles indésirables présente des risques plus élevés pour les consommateurs ; 
  • Quand bien même il n’y aurait aucun risque sanitaire avéré, il est inadmissible que des produits qui n’ont rien à faire dans la chaîne alimentaire y soient ainsi tolérés ; 
  • Enfin, si l’origine de l’affaire est bien frauduleuse, comme tout semble l’indiquer, les autorités auront fait preuve d’un laxisme consternant en admettant qu’un produit non conforme soit proposé aux consommateurs. 

La CLCV appelle la commission européenne et le gouvernement français à ne plus se contenter de simples recommandations vis-à-vis des professionnels. Nous demandons une obligation de retrait de tous les produits contenant l’huile frelatée. 

 

Actualisation le 09 juillet 2008 :

Le 23 juin, la CLCV et l'association cyberacteurs ont mis en place une pétition afin de faire pression sur la commission européenne et le gouvernement français. En une dizaine de jours, elle a recueilli plus de 6000 signatures. Entretemps, les autorités ont enfin adopté la "tolérance zéro". Désormais, les contaminants sont systématiquement recherchés et, à la moindre trace détectée, la marchandise n'est pas écoulée. Nous considérons que ces mesures s'imposaient dès le début de la crise. Nous maintenons que les dispositions transitoires qui ont permis la commercialisation de produits non conformes n'étaient pas acceptables.