C’est quoi une espèce invasive ?

Si certains végétaux sont naturellement présents sur nos territoires, d’autres ont été introduits volontairement comme la tomate, la pomme de terre, le maïs, le mimosa, le bougainvillier… ou accidentellement à travers les échanges commerciaux par l’Homme comme l’ambroisie à feuilles d’armoise.

Il arrive qu’une espèce exotique introduite sur un territoire devienne envahissante. En général, 1 sur 1000 le devient. « Une espèce exotique envahissante est une espèce introduite par l’homme en dehors de son aire de répartition naturelle volontairement ou fortuitement et dont l’implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes avec des conséquences écologiques et/ou économiques et/ou sanitaires négatives. Les facteurs qui font qu’elle devienne envahissante sont très nombreux. Une plante exotique peut être invasive en conditions littorales méditerranéennes, mais ne poser aucun problème dans un autre écosystème. Et ce n’est pas parce qu’elle n’est pas devenue envahissante 200 ans après son introduction qu’elle ne va pas le devenir prochainement notamment en lien avec le changement climatique», explique Gildas Gâteblé, directeur de l’unité expérimentale Villa Thuret (UEVT) à INRAe.

Un impact conséquent sur la biodiversité et sur l’homme

Trois principaux impacts sont constatés comme :

- l’appauvrissement des milieux naturels et sauvages de manière irréversible.

- des conséquences sur la santé humaine. Le cas le plus connu actuellement étant celui de l’ambroisie, dont le pollen très allergisant est devenu une problématique de santé publique. 10 % de la population française y serait sensible.

- une baisse des rendements agricoles avec des végétaux très concurrentiels et une gêne pour les activités humaines. Certaines plantes font par exemple obstacle à l’écoulement des eaux, ce qui augmente les risques d’inondation.

À l'échelle planétaire, l'introduction d'espèces est la deuxième cause de perte de biodiversité, après la disparition des milieux naturels. Ce phénomène est ancien, mais s’est accéléré avec la mondialisation des échanges commerciaux et la circulation des personnes.

Que faire en tant que particulier ? 

« En tant que particulier, le meilleur comportement est de ne pas acheter, troquer, multiplier, cultiver des espèces qui posent déjà des problèmes, voire de les éliminer notamment si le jardin se situe en proximité d’un habitat naturel favorable dans lequel la plante pourrait s’établir et menacer la flore indigène» , explique Gildas Gâteblé.

Pour vous aider, il existe des listes de plantes considérées comme envahissantes au niveau national (http://especes-exotiques-envahissantes.fr/categorie-espece/eee-preoccupante-ue/flore-preoccupante-ue/) ou sur une région donnée comme la région méditerranéenne (https://invmed.fr/src/home/index.php).

Les principales espèces invasives en France

Parmi les plus préoccupantes, on retrouve :

- l’ambroisie. 4 % des surfaces agricoles françaises sont aujourd’hui infestées par l’ambroisie à feuille d’armoise. Il s’agit d’une espèce très envahissante qui produit un pollen hautement allergisant pour l’homme.

- la berce du Caucase. Très concurrentielle sur la végétation sauvage, et présente particulièrement le long des axes routiers et des rivières, sa sève peut provoquer de graves brûlures de la peau.

- L’ailante glanduleux. Cette espèce pousse spontanément sur les délaissés de voirie, le long des murs et les friches. Elle produit une substance chimique : l'ailanthone, qui inhibe la croissance de nombreuses autres plantes, notamment indigènes.

- L’herbe de la Pampa. Elle transforme les paysages côtiers et leurs écosystèmes. Particulièrement inflammable, elle augmente les risques d’incendie.

- La renouée du Japon. Elle colonise les bords des plans d'eau, les milieux humides, les fossés, les abords des routes et les milieux perturbés.

Et aussi : d’autres comme la jacinthe d’eau, l’élodée du Canada, la rhubarbe géante du Chili, la balsamine de l’Himalaya, la lentille d’eau minuscule, le faux arum, la myriophylle du Brésil, la phytolaque d’Amérique, le séneçon du Cap, le solidage géant... font partie des espèces les plus combattues actuellement sur nos territoires.

D’autres encore comme le mimosa d’hiver, l’érable negundo, le buddléia de David, la griffe de sorcière, le laurier-cerise, le sumac de Virginie… ne se montrent envahissantes que dans certains contextes et milieux.

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