Quelles sont l’origine et les particularités du moustique tigre ?

Le moustique tigre (Aedes Albopictus) est un insecte originaire des forêts d’Asie du Sud-Est. Comparé au moustique commun en France, il est diurne, plus petit, silencieux et présente des rayures blanches sur son corps et ses pattes (d’où son nom). C’est un moustique très agressif et « anthropophile », c’est-à-dire qu’il préfère le sang humain à celui des animaux. On le retrouve de ce fait principalement dans les zones urbaines ou périurbaines. Il est par ailleurs des plus prolifiques, chaque ponte faisant naître plusieurs dizaines d’œufs. Sa période d’activité s’étend généralement de début mai à fin novembre.

Où le trouve-t-on ?

S’il est originaire d’Asie, le moustique tigre s’est aujourd’hui largement répandu. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), « son expansion, liée principalement au commerce international, * lui vaut d’être classé parmi les espèces les plus invasives au monde ». On le retrouve ainsi dans plus de 100 pays, sur les cinq continents.

En France métropolitaine, il est apparu au tournant des années 2000 et a, en moins de deux décennies, colonisé une partie importante du territoire. Fin 2021, sa présence était avérée dans 67 des 96 départements (contre 58 un an et demi plutôt). Une expansion très rapide qui s’explique par sa grande résistance et son adaptation particulière à l’environnement humain.

Votre département est-il concerné ?

Posant des problèmes de santé publique (lire ci-dessous), son expansion fait l’objet d’un suivi des autorités qui cartographient sa présence. Vous pouvez vérifier si votre département ou commune est concerné sur le site du ministère de la Santé. Si ce n’est pas le cas alors que vous avez déjà observé des moustiques tigres, le site signalement-moustique permet de le déclarer.

En quoi sa présence est-elle problématique ?

Par leur piqûre et l’échange de sang qui en résulte, certains moustiques peuvent transmettre des agents pathogènes (virus, bactérie, parasite). Le moustique tigre est de ceux-là et peut notamment être vecteur de maladies comme la dengue, le chikungunya ou le Zika. Pour cela, le moustique doit d’abord s’infecter lui-même en piquant une personne porteuse du virus.

En France, les virus de la dengue, du chikungunya et du Zika ne circulent activement que dans les territoires américains (Guyane, Martinique, Guadeloupe), à La Réunion et Mayotte. En métropole, plusieurs cas sont cependant « importés » chaque année (personnes revenant de voyage ou touristes) et les virus peuvent alors faire l’objet d’une transmission via le moustique tigre. En 2020, cinq personnes fréquentant ou habitant le même quartier ont par exemple été infectées ainsi par la dengue.

Que faire en tant que particulier ?

La lutte contre le moustique tigre repose beaucoup sur les gestes individuels. Il vit en effet dans un périmètre restreint. Si vous en avez à votre domicile, c’est qu’ils sont nés chez vous ou dans votre voisinage. Il revient donc à chacun d’éliminer chez soi les lieux de ponte potentiels.

Le moustique tigre peut pondre ses œufs dans de toutes petites quantités d’eau et utilise pour cela toutes sortes de « réservoirs » : vases, pots ou même simples coupelles, cendriers oubliés, rigoles et gouttières, bidons, sceaux, vieux pneus, etc. Un tour régulier des rebords de fenêtres, balcons ou jardins doit donc être fait pour enlever ces réceptacles, les couvrir ou les remplir de sable. Pour ne rien oublier, l’ARS Nouvelle-Aquitaine a établi une check-list !

Une autre action peut être de favoriser ses prédateurs (oiseaux insectivores ou chauve-souris), voire de se doter de pièges. Selon l’Anses, s’ils ne sont pas miraculeux, ceux ciblant les femelles « peuvent être efficaces pour réduire les populations de moustiques ». Leur coût est cependant très élevé (plusieurs centaines d’euros), d’autant que s’y ajoutent ensuite les recharges.

Par ailleurs, utilisant des biocides, ils devront désormais disposer d’une « autorisation de mise sur le marché » (AMM) pour pouvoir être commercialisés en France. Or, fin mai, aucun n’en avait.

Comment prévenir ses piqûres ?

Les mesures à prendre pour éviter les piqûres du moustique tigre sont les mêmes que pour les autres espèces : des vêtements couvrants, amples et clairs, des moustiquaires. L’utilisation de ventilateurs peut aussi les gêner et donc, dans une certaine mesure, les éloigner.

Il existe par ailleurs sur le marché un grand nombre de produits répulsifs (pour éloigner les moustiques) ou insecticides (pour les tuer). Certains ne sont pas conseillés par les autorités en raison d’une efficacité non démontrée : bracelets anti-insectes, huiles essentielles, appareils sonores à ultrasons, vitamine B1, homéopathie, rubans, papiers et autocollants gluants sans insecticide (Santé Publique France, « Recommandations sanitaires pour les voyageurs, 2022 »).

D’autres – les répulsifs corporels, les raquettes électriques, les diffuseurs électriques (en intérieur) ou les serpentins fumigènes (en extérieur) – peuvent être utilement utilisés mais de façon proportionnée et en respectant strictement les conseils et précautions indiqués sur l’emballage. Comme le rappelle en effet le ministère de l’Économie, « les substances chimiques qui les composent ne sont pas anodines », pour la santé humaine comme pour l’environnement.

En 2017, la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) relevait même qu’une très grande partie des diffuseurs électriques (14 sur les 18 testés) contenaient des produits non conformes, voire dangereux.

 * Pour en savoir plus sur les conditions de cette expansion, vous pouvez lire l’article de l’entomologiste de l’Institut de Recherche pour le Développement Frédéric Darrier, « Le moustique tigre : le conquérant », paru dans la revue Espèces, de décembre 2019, 

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