La précarité énergétique s’aggrave et les tarifs sociaux ne sont pas un outil suffisamment efficace pour la faire reculer. C’est un constat implacable que dresse le Médiateur national de l’énergie dans son rapport annuel rendu public le 11 juin 2013.

Difficultés de paiement

Huit millions de Français, soit 4 millions de ménages au moins consacrent plus de 10 % de leurs revenus aux dépenses d’énergie. En 2012 – et c’est un chiffre en constante augmentation – 18 % des dossiers traités par le Médiateur concernaient des difficultés de paiement, avec une dette moyenne de 1900 euros. En 2013, la situation empire : depuis janvier, un quart des dossiers reçus relèvent de difficultés de paiement, avec un pic à 34 % en mars.

Le Médiateur rappelle au passage que d’après son enquête annuelle auprès des consommateurs, 11% des Français reconnaissent avoir rencontré des difficultés pour payer leurs factures d’électricité ou de gaz. Ils sont même 42 % à avoir restreint leur chauffage l’hiver dernier pour éviter des factures trop élevées. En 2012, près de 580 000 foyers ont été privés d’électricité et/ou de gaz pour impayés. L’année précédente, leur nombre était estimé à 500 000.

Peu de bénéficiaires

Dans son rapport, le Médiateur remet aussi en cause l’efficacité des tarifs sociaux de l’énergie, destinés à aider les personnes en difficulté. « Ils coûtent cher en gestion, parviennent péniblement à toucher la moitié des bénéficiaires potentiels et sont profondément inéquitables ». En outre, ils excluent certaines énergies (bois, fioul, réseaux de chaleur…). 

Aujourd’hui, 2,4 millions de foyers sont éligibles aux tarifs sociaux de l’énergie mais seul 1,2 million de foyers en bénéficie. Et si les pouvoirs publics ont pris récemment des mesures pour étendre le nombre de bénéficiaires, elles ne sont toujours pas en œuvre et ne le seront pas pour l’hiver prochain, estime le Médiateur. En cause ? La complexité administrative et logistique de ces tarifs sociaux, qui rend toute évolution longue et coûteuse.

Fournisseur de dernier recours

Le Médiateur propose de les remplacer par un « chèque énergie », via les Aides personnalisées au logement (APL). Il propose aussi d’instaurer un service de fournisseur de dernier recours, comme cela existe dans la banque, par exemple, pour les ménages dont les contrats ont été résiliés à cause d’impayés et qui n’arrivent pas souscrire de nouveau contrat. La seule solution qui s’offre à eux aujourd’hui est de mentir en disant qu’ils viennent d’emménager ou de donner un autre nom.

Plus d'infos sur www.energie-mediateur.fr