Un récent décret rend obligatoire l’installation de compteurs « intelligents » censés aider les particuliers à maîtriser leur consommation. Il n’est pas du tout sûr que l’objectif puisse être atteint.

Ils sont expérimentés dans les régions de Tours et de Lyon depuis mars 2010. Pour se plier aux exigences de directives européennes, le gouvernement a publié le 2 septembre dernier – en toute discrétion – un décret qui rend obligatoire la généralisation des compteurs d’électricité dits « communicants » et fixe le calendrier de leur déploiement de 2012 à 2020…. alors même que les premiers retours d’expérience font apparaître des dysfonctionnements (transmission des données…).

De nombreuses questions

Sur le principe, on ne peut qu’être séduit par cette évolution technologique, puisque ces compteurs permettront une facturation calculée sur des consommations réelles et non sur des estimations. Mais leur développement suscite autant d’inquiétude que de questions : qui va réellement en tirer bénéfice ? Les consommateurs ou les professionnels qui n’auront plus à envoyer des agents pour effectuer les relevés et pourront proposer de nouvelles offres de suivi de consommation ? Comment être sûrs que les particuliers pourront maîtriser leur énergie alors que les compteurs ne leur sont bien souvent pas accessibles ? La protection des données personnelles sera-t-elle suffisamment assurée ?

Des conséquences financières

Le décret prévoit aussi que seuls les consommateurs en assumeront le coût, actuellement estimé de 120  à 240 euros par foyer. Rappelons que les compteurs actuels sont la propriété des syndicats départementaux de l’énergie gérés par les collectivités locales. Leur coût, comme celui des réseaux locaux de distribution, est déjà répercuté sur les factures des consommateurs via les taxes locales. Pour La CLCV , il est hors de question qu’ils payent une seconde fois.

Opposée à cette généralisation prématurée, la CLCV a demandé le prolongement de l’expérimentation, une expertise technique des compteurs, une étude économique des coûts et de l’impact du déploiement et un financement par les gestionnaires de réseau et les fournisseurs, principaux bénéficiaires.

Et la même bataille devra être menée sur le front du gaz puisque GRDF expérimente lui aussi ses premiers compteurs communicants sur quatre sites, Saint Omer (62), Auch (32), Etampes (91) et Saint Genis Laval Pierre Bénite (69).