D’un niveau qui oscille usuellement entre 20 et 30 euros la tonne, cette marge a atteint un niveau record depuis le début de l’année, avec une moyenne de 49 euros la tonne sur les quatre premiers mois (58 et 48 euros/tonne en mars et en avril). Par ailleurs, on constate que cette marge s’est accrue à partir de l’été 2014 quand le prix du baril a commencé sa chute.

Les principaux acteurs du raffinage annoncent ainsi un très net renforcement de leur rentabilité sur ce secteur dès la fin 2014. Pour Total, par exemple, sur le dernier trimestre 2014, le résultat opérationnel net ajusté du secteur raffinage raffinage-chimie est à 956 millions d’euros, plus du double du quatrième trimestre 2013.

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Pour les consommateurs, l’augmentation de cette marge en 2015 relativement à l’année 2014, représente par exemple une majoration de 3 centimes par litre pour le gazole. La majoration d’un peu plus de 2 centimes au litre sur le fioul domestique a pu avoir un impact important pour les ménages ayant effectué un remplissage de cuve au cours de cette période.

Ce phénomène peut avoir deux explications. Premièrement, il est probable que les industriels aient profité de la chute du prix du baril pour retrouver une plus forte rentabilité. Les deux derniers résultats trimestriels des groupes pétroliers montrent d’ailleurs cette forte hausse de rentabilité. Ce reflexe peut s’entendre dans un contexte où le raffinage a vécu des bonnes et des mauvaises années. Mais il a atteint une ampleur et une durée désormais excessives.

Deuxièmement, cette forte hausse de la marge peut traduire un problème plus structurel. Les capacités de raffinage européennes ayant diminué de 11 % entre janvier 2007 et janvier 2015, on ne peut exclure que ces diminutions aient contribué à « retendre » le marché et, comme en 2007-2008, provoqué une hausse brutale de la marge.

Notre association a écrit le 31 mars au ministre de l’Economie pour l’alerter, estimant que « le gouvernement à un rôle à jouer, tant au niveau national que communautaire, dans un domaine qui relève des politiques industrielle et énergétique mais qui a aussi un impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs. Une négociation avec les grands groupes du secteur serait souhaitable pour permettre à minima un maintien des capacités  pour les années à venir ».