Suite à la publication du rapport de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui recommandait une hausse de 6,8 % à 9,6 % du tarif bleu de l’électricité, la CLCV a écrit au Premier ministre et au ministre de l’Ecologie pour souhaiter que le gouvernement fasse preuve de modération. Ce dernier a annoncé que le tarif règlementé allait augmenter de 5 % an pour au moins les deux prochaines années.

Une telle hausse aurait un impact trop important sur le pouvoir d’achat des consommateurs et le reste à vivre des ménages aux revenus les plus modestes. En outre, le début de l’année ayant été très froid, les factures d’énergies des ménages ont été anormalement élevées ce qui rendrait d’autant plus problématique une hausse prononcée du tarif.

Par ailleurs, la CLCV estime que les couts de sécurisation du parc nucléaire peuvent induire une augmentation du prix un peu supérieure à l’inflation mais qui resterait éloignée des propositions de la CRE. Les arguments, présentés dans la note jointe, se résument de la façon suivante :

  • L’analyse de la CRE est trop dépendante des données d’EDF

La CRE est contrainte d’utiliser des données produites ou simulées par EDF, et qu’elle ne certifie pas, pour dresser ses calculs (affectation des volumes de consommation, profil de pointe, par exemple). Dès lors, l’opérateur contrôle une part de l’information qui est essentielle pour déterminer l’évolution de son tarif. Cette situation rend l’analyse subjective et donc contestable.

  • L’opérateur doit maitriser ses dépenses et l’Etat actionnaire doit l’y encourager

La CRE reconnaît elle-même évaluer les coûts d’EDF mais sans y porter de regard normatif. Or, il apparaît que l’opérateur peut maitriser l’évolution de ses dépenses et que l’Etat, actionnaire majoritaire, doit jouer son rôle de gouvernance.

D’abord, EDF verse plus de 2 milliards d’euros par an de dividendes, soit près de 60 % de ses bénéfices. L’Etat en capte une très large part ce qui constitue une taxation indirecte de la facture énergie. Il est permis de considérer qu’une moindre attribution des dividendes redonnerait des marges de manœuvre à l’opérateur qui serait alors moins enclin à revendiquer une hausse du tarif.

Enfin, au niveau de l’exploitation, un récent rapport de la Cour des comptes a mis en avant la forte croissance des coûts de gestion. Ces fortes hausses (rémunération, sous-traitance) proviennent en partie d’une rente induite par la position dominante de l’opérateur. Il importe que ces rentes ne viennent pas induire une trop forte ponction sur le pouvoir d’achat des usagers.

Consulter l'argumentaire détaillé de la CLCV.