Le taux du Livret A a été récemment réduit et la Banque de France demande donc une nouvelle baisse du fait de l’accalmie de l’inflation des biens et services. A ce niveau, il ne serait plus intéressant de laisser son épargne sur ce support et trois arguments motivent de ne pas abaisser le taux :

Premièrement, la modération de l’inflation provient surtout d’une moindre surchauffe du prix des matières premières. L’expérience de ces dernières années montre la volatilité de ces cours et leur tendance à la hausse structurelle. Baisser à ce point le taux du livret sur le fondement d’une baisse très conjoncturelle de l’inflation constitue donc une justification d’opportunité.

Deuxièmement, l’une des fonctions du livret A est de servir de réserve de précaution « anti coup dur » pour les ménages à revenu modeste. Ne plus valoriser cette épargne tendrait à accroître la fragilité de ces ménages et, contrairement à l’effet attendu par le gouvernement, les désinciterait à consommer.

Nous pouvons en effet estimer que les ménages aisés tendront à quitter le Livret A pour aller sur d’autres placements tandis que ceux à revenus modestes, à l’épargne moins mobile, resteront sur ce support qui n’offre quasiment plus de gain net.

Troisièmement, les livrets d’épargne règlementés ont pour vocation à financer des investissements publics. Le livret A tient ce rôle pour le logement social et le gouvernement indique vouloir financer par ce canal une part notable de ses investissements dans la transition énergétique. Si la rémunération de ces livrets est abaissée de façon déraisonnable, la collecte va décroitre et il ne sera plus possible de financer les projets publics.