Dans ce contexte de crise lié au coronavirus et face aux difficultés d’approvisionnement, de transport et du manque de main d’œuvre, la filière agroalimentaire a dû s’adapter. L’administration a autorisé les industriels à déroger à certaines règles.  Si ces dérogations ont pour objectif d’aider les producteurs à traverser cette crise, cela ne doit pas se faire au détriment de la qualité et de la transparence de l’information donnée aux consommateurs.

Des labels moins exigeants 

Depuis le 9 avril, de nombreux arrêtés du ministère de l’Agriculture ont revu à la baisse certaines exigences des cahiers des charges Label Rouge, AOP (appellation d’origine protégée) et IGP (indication géographique protégée). Si la plupart de ces dérogations ne sont applicables que durant l’état d’urgence sanitaire, d’autres le sont jusqu’en mars 2021.

Les exemples d’assouplissements sont nombreux. Ainsi pour les agneaux Label Rouge, les animaux pourront attendre jusqu’à 48 h à l’abattoir avant l’abattage contre 24 h normalement, et les poulets fermiers Label Rouge être nourris avec 18 % de tourteaux de tournesol contre 10% d’ordinaire. Le Bleu d’Auvergne AOP pourra être conservé jusqu’à - 5 °C contre 0 °C habituellement, le veau nourri au lait entier Label Rouge être abattu jusqu’à 212 jours contre 160 jours et le bar Label Rouge être surgelé.

Certains de ces assouplissements peuvent impacter la qualité des produits, comme la tendreté de la viande de veau Label Rouge dû à l’abattage tardif de l’animal. Le niveau de qualité du label n’est alors plus garanti alors que le prix reste le même pour le consommateur ! Dans ces cas précis, la CLCV juge les assouplissements excessifs et suggère de retirer temporairement le label aux produits concernés.

Assouplissement de l’étiquetage 

La DGCCRF (services de la répression des fraudes) peut accorder, sur demande des industriels et distributeurs, des tolérances ponctuelles sur l’étiquetage des aliments, au cas par cas, et sans danger pour le consommateur.

Cela peut être l’origine d’un ingrédient ou un site de fabrication différents de ceux mentionnés sur l’emballage. Une sauce tomate dont l’origine des tomates est indiquée France alors qu’elles viennent d’un autre pays par exemple. Il peut aussi s’agir de l’utilisation d’ingrédients contenant des additifs supplémentaires qui n’apparaissent pas sur l’emballage.

La DGCCRF assure qu’il s’agit de mesures ponctuelles liées à la crise. Mais comment savoir ce que nous mangeons réellement ?

Si nous comprenons l’assouplissement de certaines règles pour que les industriels s’adaptent aux contraintes de la crise, toutes ces mesures sont passées inaperçues pour le consommateur. La CLCV souhaite que les industriels jouent le jeu de la transparence en informant les consommateurs sur les modifications temporaires et appelle à la vigilance pour que cet assouplissement des règles ne persiste pas après la crise.

Depuis le 13 mai, la DGCCRF met en ligne la liste des produits ayant fait l’objet d’une dérogation d’étiquetage dans le cadre de la crise sanitaire. Retrouvez la liste ici

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