Entre les céréales qui aident à retrouver la ligne, les yaourts pour le confort digestif et les margarines qui réduisent le mauvais cholestérol, les aliments qui ne communiquent pas sur de supposées vertus nutritionnelles se font rares.

Sous l’impulsion des associations européennes de consommateurs et du BEUC[1], un règlement sur les « allégations nutritionnelles et de santé » a été adopté fin 2006. Entré en vigueur il y a deux ans, il vise à encadrer ces slogans toujours prometteurs mais bien souvent discutables sur le plan scientifique.

Le texte, qui prévoit de longs délais d’application, pose deux principes forts censés prévenir les dérives du marketing. Le premier consiste à n’autoriser que des allégations dont le fondement scientifique est reconnu. C’est aujourd’hui l’Agence européenne de sécurité sanitaire des aliments qui a la charge de faire le tri entre ce qui relève de la science et de l’affabulation. Le travail est en cours mais s’avère titanesque puisque ce ne sont pas moins de 4 200 allégations « santé » qui ont été répertoriées au niveau européen et soumises aux comités d’experts.

Le second pilier du règlement, aujourd’hui menacé, ce sont les profils nutritionnels. L’idée en est simple : seuls des produits dont les caractéristiques nutritionnelles sont globalement favorables, c'est-à-dire ayant « le bon profil », peuvent recourir à des slogans « nutrition santé ». Les profils devraient donc sonner le glas des sucettes pauvres en matières grasses, du chocolat source de calcium ou des biscuits fourrés riches en oméga trois.

Mais la définition des critères qui permettront d’accéder aux allégations est aujourd’hui moins un débat entre experts de la nutrition qu’une affaire de lobby auprès de la commission européenne. L’industrie agroalimentaire a obtenu depuis quelques mois un net assouplissement de ces critères. Dans la version actuelle des profils, on a ainsi la surprise de constater que des cordons bleus, des nuggets de poulet, des brioches fourrées au chocolat ou du tarama pourraient faire état de leurs bienfaits.

La CLCV demande que la définition des profils soit revue afin que seule une fraction limitée des produits alimentaires puisse revendiquer des effets « santé ». Les consommateurs sont aujourd’hui invités à équilibrer leur alimentation et à manger moins gras et moins sucré. Ils comprendraient mal que des produits en contradiction avec ces recommandations puissent se prévaloir d’une quelconque vertu nutritionnelle.

Voir les exemples de produits qui pourraient bénéficier d'allégations.

 


[1] Le BEUC, le Bureau Européen des Unions de Consommateurs, fédère les principales organisations de consommateurs issues de trente et un pays européens (UE, EEE et pays candidats).

 

 

(Publié le 31 juillet 2009)