Les enfants et les adolescents sont massivement ciblés par les publicités pour des aliments peu sains. Selon une étude de Santé Publique France, plus de 50% des publicités alimentaires audiovisuelles sont pour des produits Nutri-Score D et E, notes données aux produits ayant la qualité nutritionnelle la moins bonne sur le marché. Une enquête menée au printemps 2021 par le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) auprès de 10 associations membres dont la CLCV, conclue que les règles mises en place par les entreprises agroalimentaires ne sont pas efficaces pour limiter voir en finir avec ce type de marketing. Les associations de consommateurs européennes plaident pour des règles plus contraignantes !  

Des mesures insuffisantes déjà pointées du doigt

Aujourd’hui, la protection du jeune public s’appuie sur « l’autorégulation », notamment via l’initiative européenne « EU Pledge ». Des géants de l’agroalimentaire comme Nestlé, Coca-Cola, Kellog’s ou encore Mc Donald y adhèrent. Ils se sont engagés à ne pas diffuser de la publicité pendant les programmes télévisés destinés au moins de 13 ans, à l’exception des produits bons d’un point de vue nutritionnel. Problème : les entreprises décident elles-mêmes ce qui est bon ou moins bon ! Ainsi, certains biscuits notés E sur l’échelle Nutri-Score sont pourtant considérés « bons sur le plan nutritionnel » par le dispositif « EU Pledge ». 

Depuis 2015, la CLCV plaide pour un encadrement plus strict du marketing alimentaire ciblant les enfants. Plusieurs études montrent en effet que les engagements volontaires des industriels sont très insuffisants pour assurer une prévention efficace du marketing ciblant les enfants pour des aliments déséquilibrés. C’est aussi l’avis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)  qui atteste que ces publicités sont des facteurs de risque pour l'obésité infantile, dans un rapport publié en 2018.

Les faiblesses du dispositif actuel

Le rapport du BEUC vient renforcer ce constat et pointe les importantes faiblesses du dispositif d’autorégulation « EU Pledge » :

  • Les critères nutritionnels sont trop faibles. Ainsi, des produits échappent au dispositif de régulation alors qu’ils contiennent des teneurs en gras, sel ou sucre importantes.
  • Le dispositif ne cible que les programmes pour enfants alors que les enfants et les jeunes regardent aussi des émissions en prime time. D’après l’étude de Santé publique France, les programmes jeunesses qui font actuellement l’objet de mesure d’autorégulation de la part des industriels de l’agroalimentaire représentent moins de 0,5 % des programmes vus par les enfants !
  • « EU Pledge » ne s’applique pas à la publicité digitale. Or, les jeunes passent de plus en plus de temps en ligne où ils sont exposés de façon importante aux publicités, notamment sur les réseaux sociaux, à des jeux ou à des messages portés par des influenceurs.
  • Les entreprises ne respectent pas leurs propres règles ! Le processus de plainte est trop lent, laxiste, incohérent et manque de transparence, d’après les conclusions du BEUC.

Trop peu de sanctions !

Entre février et mars 2021, le BEUC et 10 autres associations membres dont la CLCV fait partie, ont repéré 81 publicités à travers l’Europe qui enfreignent les engagements pris par les fabricants dans l’EU Pledge. Ces cas ont été soumis au « mécanisme de responsabilité » de ce dispositif, qui permet à chacun de signaler des pratiques marketing qui ne répondent pas aux exigences. 

Sur les 81 plaintes déposées par le BEUC, seules 14 ont été retenues, 7 messages publicitaires ont été retirés par les entreprises et une affaire est à ce jour toujours en cours. Peu de plaintes font l’objet d’un suivi digne de ce nom !

Un meilleur encadrement est nécessaire

Face à ces lacunes, le BEUC et les associations de consommateurs membres plaident pour des règles européennes harmonisées et contraignantes qui imposeraient notamment :

  • L’interdiction des publicités pour les produits trop gras, salés et sucrés à la télévision entre 6h et 23h.
  • L’interdiction complète de la publicité en ligne pour ces mêmes produits, notamment sur les réseaux sociaux 
  • L’interdiction d’utiliser des techniques promotionnelles ayant une grande force d’attraction sur les enfants, comme  les personnages de dessins animés sur les emballages.

Les produits concernés devraient être définis en suivant les recommandations de l’OMS et notamment leur modèle de profil nutritionnel.


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