La consommation des produits alimentaires biologiques est aujourd’hui inscrite dans le quotidien de très nombreux Français. En 2020, selon le baromètre de l’Agence BIO /Spirit Insight, plus de 7 Français sur 10 déclarent en consommer tous les mois et plus de 3 sur 10 toutes les semaines. Savez-vous vraiment ce qu’est l’agriculture biologique ou ce que contiennent les aliments certifiés bio ? Entre vérités et idées reçues, un point s’impose.

Les fruits et légumes bios sont plus chers

Vrai

C’est un fait, le bio est en général plus cher. Nous avons pu le constater dans différentes enquêtes. En décembre 2020, nous avons calculé le surcoût que représentait le bio pour sept fruits et légumes. Nos relevés de prix ont montré que les fruits et légumes biologiques étaient en moyenne 44 % plus chers que leurs équivalents non bio. Nous avons également constaté une différence de prix lors de notre enquête sur des produits transformés tels que les plats végétariens (galettes, steaks végétaux…) ou les raviolis à base de bœuf qui étaient jusqu’à deux fois plus chers que ceux conventionnels.

Pourquoi cette différence de prix ? Les producteurs de bio ont l’interdiction d’utiliser des insecticides et herbicides de synthèse ce qui rend la culture en bio plus difficile à maîtriser et demande parfois plus de main-d’œuvre qu’il faut rémunérer. Pour beaucoup de cultures, les rendements sont ainsi plus faibles que pour les cultures conventionnelles. Cette prise de risque par le producteur (la perte d’une récolte ou le déclassement d’une production bio en conventionnel par exemple) se répercute logiquement sur le prix de vente aux consommateurs. Autre raison du surcoût, la certification en agriculture biologique obligatoire est payante. En effet, pour commercialiser des produits issus de l’agriculture biologique, tout opérateur, qu’il soit producteur, conditionneur ou distributeur, doit l’obtenir.

S’il est donc logique que le bio soit plus cher, comparez les prix au kilo car une marque peut être deux fois plus chère qu’une autre pour des produits bio équivalents. Par exemple, nous avons noté dans notre enquête sur les jus de fruits (avril 2021) qu’un jus d’orange bio Tropicana était 2 fois plus cher qu’un jus d’orange bio Carrefour pour un jus de qualité équivalente.

Les plats préparés bio ne contiennent pas d’additifs

Faux

Selon la réglementation, les plats préparés, les boissons et tous les produits transformés bio ne contiennent pas de colorants et arômes chimiques de synthèse, ni d’exhausteurs de goût. Mais une cinquantaine d’additifs restent autorisés (contre plus de 300 pour les produits conventionnels). Ces additifs, qui sont en majorité d’origine agricole ou naturelle, ne sont autorisés que s’ils sont indispensables à la préparation ou à la conservation de certains aliments transformés. Par exemple l’additif méthylcellulose (E461) employé comme épaississant peut être remplacé par d’autres texturants autorisés tels que la farine de graines de caroube (E410) et la gomme de guar (E412) issues de graines de plantes légumineuses.

Il est interdit d’utiliser des pesticides en agriculture biologique

Faux

Les agriculteurs qui cultivent du bio n’ont pas le droit d’utiliser des pesticides et des engrais chimiques de synthèse. Il est donc possible d’utiliser des substances issues ou dérivées de substances naturelles comme le cuivre ou le soufre. D’ailleurs, certaines substances autorisées font débat. C’est le cas par exemple de la bouillie bordelaise, composée notamment de sulfate de cuivre obtenu de façon industrielle. De plus, le cuivre est un métal lourd qui s’accumule dans le sol et ne se dégrade pas.

Quoi qu’il en soit, les professionnels du bio, même s’ils mettent tout en œuvre pour protéger leur production (la plantation de haies, le respect de distances de séparation entre cultures, analyses…), ne peuvent pas garantir l’absence totale de résidus de pesticides chimiques de synthèse du fait de la présence de polluants dans l’environnement (sols et eau) et de la faible proportion de terres agricoles consacrées au bio. Les traces de pesticides qui ont pu être détectées dans différentes enquêtes sont toutes inférieures aux limites maximales de résidus (LMR) fixées par la réglementation européenne. Selon le dernier rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), 85 % des produits bio se sont révélés exempts de résidus quantifiables contre 58 % pour les produits non biologiques.  

Tous les aliments, transformés ou pas, peuvent obtenir la certification bio

Faux

De sa production à sa transformation, les produits bio doivent respecter un cahier des charges dont l’application est strictement contrôlée. Un poisson sauvage ou un sanglier chassé ne peuvent pas être certifiés bio, leurs conditions de production étant impossible à contrôler. On trouve dans certaines grandes surfaces et sites de vente en ligne de l’eau minérale avec la mention « Bio ». L’eau bio n’existe pas ! L’eau ne relève pas d’une production agricole, elle ne peut donc pas être certifiée en application de la réglementation européenne en agriculture biologique. Les marques font ce que l’on appelle du greenwashing ou écoblanchiment : utiliser l’argument écologique pour un produit dans le but de donner à la marque une image « verte », respectueuse de l’environnement. Autres aliments que vous ne trouverez pas en « bio » : le sel qui est un produit minier et non agricole et le foie gras car la pratique du gavage est interdite en bio.

Le logo AB et le logo bio européen (l’Eurofeuille) apportent les mêmes garanties

Vrai

Le label Agriculture Biologique (AB) est un signe officiel français d’identification de la qualité et de l’origine. Les produits certifiés AB respectent un cahier des charges européen dont les principes sont notamment la non-utilisation de produits chimiques de synthèse et d’OGM, le compostage et le recyclage des matières organiques et la rotation des cultures. L’« Eurofeuille » est son équivalent européen. Ces deux logos indiquent que les produits sont 100 % bio ou, dans le cas des produits transformés (biscuits, plats préparés, glaces…), qu’ils contiennent au moins 95 % de produits agricoles bio si les 5 % restant ne sont pas disponibles en bio et sont expressément autorisés. Le logo AB est facultatif et peut être utilisé en complément de l’Eurofeuille, qui lui est obligatoire.

Sources : Agence BIO, DGCCRF.

Crédit photo : © M.Dörr & M.Frommherz - stock.adobe.com