Depuis plusieurs années la CLCV tente de sensibiliser les pouvoirs publics à la nécessité de limiter l’utilisation des pesticides dans l’agriculture et de mettre à l’honneur l’agriculture biologique. Ce combat reste d’actualité avec la publication, le 5 septembre 2013, de l’étude de l’Anses

sur la part de l’eau potable dans notre exposition alimentaire globale aux pesticides.

Cette étude a porté sur l’ensemble des données disponibles pour la période 2007-2009, c'est-à-dire plus de 21 000 stations de prélèvement du réseau de contrôle sanitaire du ministère chargé de la Santé, représentant environ 80 000 prélèvements, 5,7 millions d’analyses et 500 substances.

106 pesticides étudiés sur 501 au départ

Sur les 501 pesticides recherchés au départ, les scientifiques se sont concentrés au final sur 106 substances pour lesquelles des données de contamination dans l’eau et dans les denrées alimentaires solides sont disponibles. Tous les autres ont été écartés pour diverses raisons : 210 n’ont pas été quantifiés dans l’eau de distribution soit parce qu’ils étaient absents ou présents à des niveaux trop faibles. Pour 33 substances, il n’a pas été possible de conclure en raison de données jugées insuffisantes ou manquantes. Quant aux 118 substances restantes, « compte tenu de leur usage, des évaluations de risque précédentes et de leurs caractéristiques physico-chimiques,elles sont peu ou pas recherchées dans les denrées alimentaires solides, ce qui n’a pas permis leur prise en compte dans l’estimation de la contribution de l’eau à l’exposition alimentaire totale. Par exemple, c’est le cas du chlortoluron, de la bentazone et du glyphosate. »

En dessous des seuils règlementaires sauf exceptions

L'Agence a tout d'abord constaté que pour 82 % des stations de prélèvements considérées, le niveau de contamination est nul ou inférieur aux normes de qualité réglementaires. Mais 3,8 % des stations présentent toutefois une concentration totale maximale supérieure à 0,5 microgramme/litre.

Ainsi, l’étude met en évidence - même si cela n’en était pas l’objet - qu’il y a bien des pesticides dans l’eau que nous consommons.

La contribution moyenne de l’eau à l’exposition alimentaire totale est inférieure à 5 % sauf pour 8 pesticides et leurs métabolites : atrazine, simazine, oxadixyl, propoxur, benalaxyl, métolachlore, diuron, hexaflumuron. Il existe par ailleurs de fortes variations locales, note l’Anses, «  qui sont étroitement liées aux usages des pesticides, aux types de cultures et aux pratiques culturales ».

Conclusion : quelles que soient les situations locales, la contribution de l’eau à la dose de pesticides journalière admissible est inférieure à 1 %, et donc en dessous des seuils réglementaires.

Pour autant, la présence des pesticides dans les eaux d'alimentation ne doit pas être négligée, même si leurs apports liés à l'eau ne représentent qu'une faible partie (la quantité d’eau du robinet consommée quotidiennement par la population française représente entre un quart et un tiers de la quantité totale d’aliments ingérés) ils sont à ajouter à ceux que l’on ingérer dans les aliments et donc ils augmentent l’exposition alimentaire.

La France sur le podium

Même si cette étude se veut rassurante, la CLCV ne peut se satisfaire d’un tel résultat. Si rien n’est fait, la France restera le second pays consommateur au monde et le premier utilisateur européen de produits phytosanitaires (herbicides, fongicides, insecticides, etc) avec un peu plus de 100 000 tonnes déversées chaque année. Non sans conséquences : un rapport du Commissariat général au développement durable (CGDD) publié fin juillet faisait état d'une présence "généralisée" de pesticides dans les cours d'eau français avec 93 % des 2.360 secteurs hydrographiques analysés concernés.

Le détail de l’étude est disponible sur le site Internet de l'Anses