La part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre croît de plus en plus. Aujourd'hui, il représente près de 4 % du total. Demain (en 2025), il devrait s'élever à 8 %, soit autant que les émissions des voitures. En cause : la multiplication de nos équipements et leur durée de vie très courte, mais aussi le trafic de données. Responsable de 55 % des émissions, ce dernier augmente de 25 % par an, notamment en raison de l'explosion de la télévision via Internet, la forte augmentation de la VOD, la généralisation des forfaits 4G illimités, etc. Face à ce constat, il devient urgent de modifier nos pratiques sur Internet.

Réduire les flux vidéo

Selon une étude de think tank The Shift Project le seul visionnage de vidéos en ligne représente 60 % des flux mondiaux, les 40 % restants correspondant, à parts égales, à d'autres usages de la vidéo – streaming télé, vidéo live (messagerie instantanée, télémédecine), vidéo-surveillance – et à la consultation de sites, l'échange de données ou les jeux.

Cette forte proportion s'explique d'une part par la quantité de bande passante mobilisée par la vidéo, « 10 heures de film haute définition, c'est davantage de données que l'intégralité des articles en anglais de wikipedia en format texte » – mais aussi par l'explosion de nos usages. Nous passons en effet en moyenne 5 à 10 heures chaque semaine à regarder des vidéos et des films sur Internet. Chez les jeunes, ce temps grimpe même à 14 heures. Parmi les vidéos regardées, 34 % correspondent à de la VOD, 27 % à des sites pornographiques, 21 % aux Tubes et 18 % à des usages divers (réseaux sociaux, petits services de streaming, etc.).

Le seul visionnage de vidéos en ligne est ainsi responsable de 20 % du total des émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par le numérique, et près de 1 % de la totalité des émissions mondiales.

Pour réduire cette pollution, la première action individuelle possible est bien sûr de réfléchir à notre usage du streaming et, si possible, de le limiter en privilégiant celles enregistrées sur un support physique ou la télévision par TNT (lire ci-dessous). Il en est de même pour la musique, qui peut tout autant être écoutée téléchargée, sur CD ou à la radio, ou, si vous l'écoutez en streaming, en privilégiant le seul audio plutôt que les clips vidéo. Dans nos communications avec nos proches ou les réunions de travail, on peut aussi se demander si la visio est systématiquement nécessaire.

Il existe enfin des astuces pour réduire les flux, comme d'opter pour la basse définition plutôt que la haute définition. Le visionnage consommera ainsi moins de bande passante sans pour autant avoir d'impact sur la qualité. Vous pouvez choisir l'une ou l'autre en VOD, mais aussi, sur votre smartphone ou tablette, en allant dans les paramètres de vos applications. Plusieurs d'entre elles, comme Instagram ou Twitter, ont en effet une option « Économiseur de données ». Sur Facebook, il vous faudra aller dans les Paramètres / Vidéos, pour baisser la définition, en n'oubliant pas non plus de désactiver la lecture automatique, qui entraîne le démarrage des vidéos que vous n'avez pas choisi de voir.

Privilégier le filaire

Les modes de connexion n'ont pas tous le même impact environnemental. Celui de la 4G est par exemple au moins 5 fois supérieur à ceux de l'ADSL en Wifi. Dès que vous avez le choix, privilégiez donc, dans l'ordre : le filaire, le Wifi, puis seulement la 4G ou 5G. Sur votre smartphone ou votre tablette, et leurs applications, des options vous permettent de choisir de ne pas effectuer de mises à jour ou regarder de haute définition si vous n'êtes pas en Wi-Fi.

Penser également à désactiver les fonctions GPS, Wi-Fi, Bluetooth à chaque fois que cela est possible et que vous n'en avez pas l'utilité (notamment la nuit), ou mettez l'appareil en mode « avion ».

Optimiser ses requêtes

Chaque heure, ce sont 180 millions de recherches Google qui sont effectuées, entraînant un premier échange de données aller-retour pour ouvrir le moteur de recherche, un autre pour envoyer la requête, puis encore un flux pour aller sur le site sélectionné.

 Réduire ces échanges de données peut se faire facilement pour les sites sur lesquels vous vous rendez fréquemment, en tapant directement leur adresse ou en utilisant les favoris ou l'historique pour vous y rendre, plutôt que de passer par un moteur de recherche.

Par ailleurs, l’impact d’une requête web dépend du temps de recherche et du nombre de pages consultées. Essayez donc de l'affiner au maximum avec des mots-clés les plus précis possibles ou grâce à la « recherche avancée » (dans « paramètres » sur google) qui permet d'associer ou pas des mots, d'en coupler ou d'en exclure certains, etc.

Limiter les données envoyées ou stockées

Chaque message, document, photo ou vidéo que nous postons sur les réseaux sociaux, échangeons par message ou sauvegardons dans le cloud, est envoyé dans plusieurs data centers qui vont la stocker. Au fil du temps, cela représente d'immenses quantités de données qui s'accumulent, et qui entraînent une surconsommation d'énergie pour leur stockage comme pour leur transfert. Les data centers représentent ainsi à eux seuls 1 % de la consommation électrique mondiale.

Comme pour les mails, de bonnes pratiques peuvent être mises en place : en ayant une utilisation plus frugale de nos envois, en faisant régulièrement le ménage, en stockant localement (ordinateur, disque dur externe, clé USB, etc.). Vous pouvez également faire appel à des services de transfert qui ne stocke les fichiers que pendant une période déterminée.

Videz également régulièrement votre « cache », supprimez les cookies et votre historique de navigation, ce sont autant de données qui ne seront plus stockées sur des serveurs. Pensez également à fermer les onglets de votre navigateur. Ce dernier réactualise sans arrêt les pages ouvertes, entraînant à chaque fois un transfert de données inutile.

Pour aller plus loin : Ademe, « La face cachée du numérique », janvier 2021.

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