Après trois années de travail, l’Anses vient de publier un avis important sur les risques liés au Bisphénol A (BPA). Rappelons que le BPA est à la base de la fabrication du polycarbonate, un plastique employé dans de nombreux objets de la vie courante (CD, lunettes, pièces auto) mais aussi dans des  emballages alimentaires : biberons, bouilloires, bonbonnes d’eau, revêtement intérieur de certaines boîtes de conserve ou canettes.

Le travail de l’agence s’est focalisé sur les enfants à naître, faute de données toxicologiques suffisantes sur les autres catégories de la population. Il apparaît que l’exposition des fœtus au BPA pourrait avoir des conséquences à long terme sur divers organes ou fonctions biologiques. Les experts ont qualifié de « négligeables » les risques pour le cerveau, l’appareil reproducteur femelle ou le métabolisme. En revanche, ils soulignent un risque sur le développement ultérieur de cancer du sein. Ce résultat n’est certes pas démontré de façon incontestable mais il présente un niveau de confiance qu’une majorité des experts a qualifié de « modéré ».

L’Anses a également quantifié les principales sources d’exposition au BPA, confirmant le rôle majoritaire de l’alimentation (84% de l’exposition pour la femme enceinte) devant les voies respiratoires et cutanées. Avec 50% de l’exposition totale, les aliments en conserve apparaissent comme des contributeurs majeurs. Il est par ailleurs préoccupant de constater qu’il existerait une contamination large des aliments dont l’origine est non identifiée mais qui contribuerait à 25% voire 30 % de l’exposition totale

Ce nouvel avis vient confirmer la nécessité de réduire l’exposition de la population au BPA, nécessité qui s’est traduite en France par l’adoption d’une loi interdisant ce matériau dans les emballages alimentaires  à compter du 1er janvier 2015. Compte tenu de la nouvelle évaluation réalisée par l’Anses, cette échéance est pour la CLCV trop tardive et nous demandons aux parlementaires et au gouvernement de la ramener au 1er janvier 2014.

D’ici là, la CLCV appelle les professionnels et les pouvoirs publics à se mobiliser pour développer des alternatives fiables et correctement évaluées au BPA. A cet égard, le remplacement dans les tickets de caisse du BPA par le BPS, qui présente des caractéristiques chimiques très voisines, est l’exemple même à ne pas suivre. Nous demandons également un étiquetage des produits alimentaires contenant du BPA afin d’assurer l’information des consommateurs. Enfin, compte tenu des échanges de produits alimentaires au sein de l’Union européenne, il est indispensable de travailler à une harmonisation communautaire de l’évaluation et des règles encadrant cette substance.