Tribune inter-organisations en faveur du Moins et Mieux de produits d’origine animale, et pour une alimentation saine, durable et accessible à toutes et tous

Depuis plusieurs décennies, l’omniprésence des publicités incitant à consommer des produits ultra-transformés et nocifs pour la santé[1], et les modes de fabrication alimentaire qui se sont fortement industrialisés, menacent la santé des Français .

De ce fait, mais aussi en raison de contraintes budgétaires, de la structure des prix, ou parce que l’offre de produits frais et bio est insuffisante voire inexistante dans certains lieux de vies, les Français·es ne peuvent pas consommer suffisamment de fruits et légumes frais et de protéines végétales (comme les légumes secs).

A contrario, nous consommons trop de produits industriels ultra-transformés et de produits d’origine animale (viande, produits laitiers…), souvent de mauvaise qualité. Cette tendance est alarmante pour ses effets délétères sur notre santé. L’OMS[2] et l’ANSES[3] sont formels : la sous-consommation de produits frais d’origine végétale et la surconsommation de produits d’origine animale, qui plus est lorsqu’ils sont ultra-transformés, favorisent l’obésité, les maladies cardiovasculaires et certains cancers. Cette tendance est d’autant plus inacceptable qu’elle ajoute de l’injustice aux inégalités existantes : plus le revenu faiblit, et plus l’on est susceptible d’être victime de ces “maladies alimentaires”, avec pour résultat une aggravation des inégalités sociales de santé déjà existantes.

De surcroît, les achats de produits d’origine animale et de produits industriels pèsent lourd dans le budget alimentaire des ménages et dans celui de la restauration collective, ce qui constitue un frein à l’amélioration de la qualité des produits consommés. Favoriser la réduction de leur consommation tout en valorisant davantage les fruits et légumes frais, les légumes secs et les produits issus d’élevages de meilleure qualité (viande garantie par des labels officiels dont bio, ou issue d’élevages paysans, œufs bio et de plein air…), en particulier dans la restauration collective, nous paraît ainsi indispensable pour assurer à chacun·e l’accès à une alimentation plus saine et durable.

L’évolution de l’assiette vers le “moins et mieux” de produits d’origine animale est également essentielle pour développer et soutenir les filières de qualité de fruits et légumes, de légumes secs et d’élevage en France : aujourd’hui, une part significative des aliments consommés par les Français·es est importée. C’est en particulier le cas des viandes proposées par la restauration commerciale et la restauration collective. Favoriser la consommation d’aliments de qualité et produits sur le territoire est indispensable pour faciliter la transition agroécologique et rémunérer décemment les agriculteurs et les agricultrices français·es.

Pour offrir à toutes et tous une alimentation plus saine et plus durable, on ne peut faire autrement que de soutenir à la fois la mutation des filières agricoles et l’évolution de la demande dans le sens du “moins et mieux”. L’atteinte de ces deux objectifs dépend principalement des pouvoirs publics, qui peuvent non seulement encadrer l’information et la publicité sur les produits alimentaires, mais également améliorer l’accessibilité géographique et financière de l’alimentation, agir sur l’offre et la demande à travers la commande publique (cantines scolaires, restaurants administratifs, etc.) et accompagner les filières agricoles dans leur mutation.

À la veille de l’examen du projet de loi Climat et résilience, nous invitons les sénatrices et les sénateurs à corriger le déficit d’ambition du texte acté par l’Assemblée nationale en l’enrichissant dans le sens du “Moins et Mieux”. Des mesures ambitieuses sont nécessaires pour la santé de toutes et tous, mais aussi pour assurer que la France atteigne ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cela passe en particulier par l’introduction de mesures visant à : 

1) Favoriser les viandes issues d’élevages durables de proximité, dont bio, dans toutes les cantines publiques comme privées ; 

2) Proposer, à terme, une option végétarienne quotidienne dans toute la restauration collective qui propose plusieurs choix, tout en soutenant la structuration de filières de légumes secs de qualité dans les territoires ; 

3) Garantir que les viandes issues des élevages les plus industriels et polluants ne soient pas comptabilisées parmi les 50% de “produits durables” servis en restauration collective comme c’est le cas aujourd’hui. 

Cosignataires

Alerte des Médecins sur Les Pesticides : Dr Pierre-Michel Périnaud, président

Association VRAC National : Boris Tavernier, délégué général

Cantine sans Plastique France : Tania Pacheff, présidente

CLCV (Consommation Logement Cadre de vie) : Jean-Yves Mano, président

Collectif National des Associations d'Obèses (CNAO) : Anne-Sophie Joly, présidente

Confédération Syndicale des Familles (CSF) : Geneviève Portzert, présidente, et Anne-Marie Bodin, vice-présidente

 Conseil National des Associations Familiales Laïques (CNAFAL) : Jean-Marie Bonnemayre, président

 Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) : Carla Dugault et Rodrigo Arenas, co-présidents

Jeunes Médecins : Dr Emanuel Loeb, président

Jeunes Médecins Ile-de-France : Dr Lamia Kerdjana, présidente

Réseau Action Climat : Philippe Quirion, président

Réseau Environnement Santé (RES) : André Cicolella, président

Union Nationale des Associations Familiales (UNAF) : Marie-Andrée Blanc, présidente 



[1] Santé Publique France, 2020, Exposition des enfants et des adolescents à la publicité pour des produits gras, sucrés, salés. https://bit.ly/3tGVbNO

[2] OMS, 2015, Cancérogénicité de la consommation de viande rouge et de viande transformée, Octobre 2015. www.who.int/features/qa/cancer-red-meat/fr/

[3] ANSES, 2015, Viandes rouges, viandes transformées et cancers: point sur la nouvelle classification du CIRC. https://bit.ly/2R4pAst

Crédit photo : © 1STunningART stock.adobe.com