Pourquoi l’indice de réparabilité ?

Quand on sait que 80 % de l’impact environnemental d’un produit électronique survient au moment de sa fabrication (extraction de terres rares, consommation d'eau et d'énergie, multiplication des déplacements et flux logistiques…), il devient essentiel de favoriser sa longévité. C’est ainsi qu’est né en janvier 2021 (par l’intermédiaire de la loi AGEC de lutte contre le gaspillage pour l’économie circulaire) un premier indice environnemental, celui de réparabilité.

Cinq catégories de produits ont à ce moment-là été sélectionnées : les smartphones, les ordinateurs portables, les téléviseurs, les lave-linge avec hublot et les tondeuses à gazon électriques, avant d’ajouter à la liste le 4 novembre 2022, les lave-linge top (à chargement par le dessus), les lave-vaisselle, les aspirateurs et les nettoyeurs haute-pression.

« L'objectif est d'inciter les consommateurs à faire durer leurs produits achetés neufs en privilégiant l'achat d’équipements plus robustes, en les entretenant davantage et en les réparant. Cette mesure vise également à inciter les fabricants à intégrer dès la conception de leurs produits des critères de durabilité, tendant ainsi vers des produits plus respectueux de l’environnement car « éco-conçus ».», indiquait en septembre 2023 le ministère de la Transition écologique.

Une note de 1 à 10 et un code couleur

C’est dans les rayons (ou sur les pages des e-commerçants) des magasins d’électroménagers et de produits high-tech que l’on trouve cet indice obligatoire. « Il s’agit d’une note, de 1 à 10, accompagnée d'un code couleur, affichée à côté du prix d'un produit, qui informe les consommateurs de la facilité et la possibilité de réparabilité de cet appareil. La note pour chaque appareil mesure 5 critères : la documentation (engagement sur la durée de la mise à disposition sans frais de la documentation technique), la démontabilité (facilité de démontage des pièces), la disponibilité des pièces détachées, le prix des pièces détachées et un cinquième critère spécifique à chaque catégorie d’appareil. », rappelle Ibtissam Mozher, analyste socio-économique et responsable de l’observatoire réparation au CLCV.

Fin 2024 : l’arrivée d’un nouvel indice

Pour aller encore plus loin, l’indice de réparabilité laissera progressivement la place fin 2024, à un nouveau dispositif : l’indice de durabilité. « Il a pour objectif d’être plus complet et de mieux informer le consommateur en communiquant notamment des informations sur la fiabilité du produit. Il concernera tout d’abord les lave-linge et les téléviseurs, mais d’autres catégories de produits devraient rapidement être notées par les producteurs ou les importateurs, qui seront chargés d’attribuer cette note en fonction de critères déterminés par l’État. », explique Ibtissam Mozher.

Ainsi, à travers un code couleur, du rouge foncé pour les mauvaises notes (0 à 1,9) jusqu’au vert foncé pour les meilleures (8 et plus) et un système de notation de 1 à 10, tout consommateur pourra connaître en un clin d’œil la longévité, la robustesse d’un appareil et la facilité avec laquelle il sera possible de le faire réparer en cas de panne.

Début février, la France a abandonné l’indice de durabilité pour les smartphones suite à un avis défavorable de la commission européenne. La raison, l'étiquette énergie sur les smartphones intègrera  prochainement un "indice" de réparabilité européen, mais établi sur des critères différents des critères français. « La méthodologie développée par les autorités françaises, bien que similaire à de nombreux aspects  à l'indice de réparabilité  (…) aboutiraient à des résultats différents en ce qui concerne le score de réparabilité du produit. En conséquence, les consommateurs se verront présenter deux indicateurs de réparabilité des smartphones différents, qui prendront en compte des paramètres similaires mais les calculeront différemment » explique la Commission. Ce qui « peut induire à la confusion en ce qui concerne les informations fournies aux consommateurs » poursuit-elle.

Les Français et la réparation

Selon un sondage de l’institut Ipsos de juillet 2023, plus de la moitié des Français choisissent aujourd’hui de faire réparer leurs appareils électriques en cas de panne. Une tendance à la hausse portée par des motivations à la fois économiques et de consommation plus responsable. Ainsi, comme l’explique le sondage : « lorsqu’un objet électrique tombe en panne, 63% des sondés déclarent essayer de le réparer, 21% le donnent à un professionnel de la réparation et 16% en achètent un nouveau. Cela varie toutefois en fonction du type d’objet : les gros électroménagers sont plus réparés que les petits. ».

Il a également montré que 41% des sondés jugent certains appareils impossibles à réparer avec des difficultés à trouver les bonnes pièces détachées. Les indices de réparabilité et de durabilité ont aujourd’hui toute leur place pour aider les consommateurs à choisir dès l’achat les appareils les plus facilement réparables et durables. 


Pour aller plus loin lisez notre  bilan de l'observatoire du fonds réparation 2023 en cliquant ici

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