Acheter des produits « du terroir » sur son lieu de vacances est une tentation à laquelle nous cédons souvent. Dans les zones touristiques, les marchés, les boutiques de produits régionaux et même parfois les supermarchés regorgent de spécialités régionales. Mais ces offres peuvent présenter des pièges pour le consommateur.

Où acheter ?

Il convient d’être particulièrement prudent en ce qui concerne les ventes « sauvages » et les offres proposées au bord des routes ou en tout autre lieu non habituellement destiné au commerce car si les bons produits existent, les tromperies aussi. Même chose sur certains marchés. Il ne suffit pas d’avoir un stand « couleur locale » (drapeau régional, décor provençal ou rustique, ...) et l’accent du terroir pour être un authentique producteur commercialisant un produit local de qualité. Le mieux est donc d’aller à la rencontre des vrais producteurs, chez eux.

La plupart des offices du tourisme et des parcs régionaux organisent pour cela des visites ou mettent à la disposition des touristes des adresses d’agriculteurs ou d’artisans attachés à leur territoire et proposant d’authentiques produits du terroir, confectionnés dans le respect de la tradition. Ces organismes peuvent aussi orienter les consommateurs vers des points de vente où l’on trouve de véritables produits locaux.

De nombreux départements ont également mis en place avec les chambres d’agriculture des marchés de producteurs de pays. Composés uniquement de producteurs fermiers et artisanaux, ils privilégient le contact direct entre producteur et consommateur. Ils sont réglementés par une charte qui exige que les produits présents sur le marché proviennent directement et exclusivement des producteurs et se reconnaissent à leur logo « Marchés des Producteurs de Pays ».

Les produits agricoles et alimentaires

Miel, huile d’olive, farine de blé noir, crème de marron, charcuterie Corse, fromages, herbes de Provence ... Pour déjouer les pièges sur les marchés des vacances ou les boutiques de spécialités touristiques, mieux vaut savoir lire les étiquettes !

Pour les miels, c’est assez simple puisque la réglementation impose que soit mentionné sur les pots le ou les pays d’origine. Les pots contenant donc un mélange de miels provenant de divers pays de l’Union Européenne ne sont de toute évidence pas des produits régionaux, même lorsqu’ils sont décorés du drapeau d’une région ! (Voir Pièges à touristes)

Même chose pour l’huile d’olive vendue dans le midi de la France. Depuis 2009, l'indication de l'origine est obligatoire sur les étiquettes. Attention, un décor provençal ou une l’adresse commerciale en Provence figurent parfois sur la bouteille à proximité des mots « Origine Union Européenne » ou de la mention d’un pays du Maghreb ! En dehors des huiles d’olive bénéficiant d’une AOP (Provence, Haute Provence, Aix en Provence, vallée des Baux de Provence, Nice, Nîmes, Nyons, Corse), mieux vaut donc s’abstenir pour ne pas se faire rouler !

Plus généralement, n’oublions pas que de nombreux produits régionaux sont protégés par des mentions valorisantes telles que l’AOP et l’IGP, deux labels qui garantissent l’ancrage territorial. C’est particulièrement le cas de certains fromages et certaines charcuteries. Mais aussi de la célèbre huile essentielle de lavande (AOP de Haute-Provence).

Lorsque les produits sont vendus emballés, la lecture de la liste des ingrédients permet de savoir précisément ce qu’on achète. Cela évite par exemple de ramener de vacances de la crème de marron fabriquée par une célèbre marque ardéchoise mais avec des châtaignes cultivées ailleurs alors que le véritable produit du terroir est confectionné avec des châtaignes d’Ardèche AOP, cette précision devant figurer sur la liste des ingrédients.

Quant aux herbes de Provence ou au nougat, méfiance ! En effet, ces noms ne sont pas protégés.

Les produits manufacturés

La situation est beaucoup plus floue lorsqu’il s’agit de produits manufacturés comme le savon de Marseille, les couteaux de Laguiole... puisque ces dénominations ne sont pas protégées.

Depuis peu, la loi autorise en France les produits manufacturés à prétendre à une indication géographique protégée. Mais, pour l’instant, les cahiers des charges sont encore en cours d’écriture et aucun décret n'a été publié. Cependant, certains professionnels ont pris les devants et ont mis en place des « labels » ne dépendant pas de l’état (« Dentelle de Calais », « Vosges Terre Textile » par exemple) ou des marques collectives afin de défendre leur savoir-faire. Mais là encore, s’agissant de démarches privées, il vaut mieux se renseigner sur ce que garantissent réellement au consommateur ces certifications (par exemple, quelles étapes de fabrication doivent être réalisées dans la zone géographique) et en particulier si un organisme réputé indépendant s’assure que les pratiques des professionnels sont conformes aux exigences du cahier des charges.

En attendant de pouvoir rechercher une indication géographique protégée sur les produits manufacturés, mieux vaut donc se fier au bouche à oreille ou se fournir directement chez les fabricants reconnus. Par exemple, pour le savon de Marseille, dans une des rares savonneries travaillant toujours selon le « procédé marseillais ».

En 2013, la DGCCRF s’est penchée sur les arnaques aux produits régionaux et locaux pendant l’opération interministérielle « Vacances 2013 ». Sur 42 619 contrôles réalisés dans ce domaine, les services de l’état ont enregistré près de 15% d’anomalies.