Le scandale de la viande de cheval en trois dates

  • 1970 : l’entreprise Spanghero est fondée par Laurent Spanghero. L’usine de conserverie et transformation de produits alimentaires à base de viande est située à Castelnaudary dans l’Aude. L’entreprise est vendue en 2009 à la coopérative basque Lur Berri, Spanghero n’appartient plus aux Spanghero.
  • 2013 : découverte de viande de cheval dans des produits commercialisés comme du bœuf. Plus de 500 tonnes de viande sont concernées. Au centre de l’affaire, 4 suspects par la suite mis en examen pour escroquerie et tromperie en bande organisée : le dirigeant à l’époque de Spanghero et l'ex-directeur du site, Patrice Monguillon ainsi que deux négociants néerlandais.
  • 21 janvier 2019 : ouverture du procès des 4 suspects.

Les scandales alimentaires révèlent des circuits commerciaux opaques

Pour l’affaire Spanghero, la viande de cheval est d’abord partie de Roumanie pour être été stockée aux Pays-bas. Elle est ensuite vendue par le trader Fansen et réceptionnée à Castelnaudary (Aude) par l’entreprise Spanghero. La viande a ensuite été revendue à une usine luxembourgeoise puis distribuée.

La traçabilité des denrées alimentaires au sein de l’Union Européenne est rendue difficile par la multiplicité des opérateurs et le manque de moyens mis en œuvre par les pouvoirs publics : les outils de traçabilité ne sont pas assez performants et les moyens humains sont limités par le manque de budget. Finalement le contrôle est laissé au soin des entreprises et la volonté de chaque pays membre de s’impliquer dans la chasse à la fraude pour une course à la matière première la moins chère. La semaine dernière, c’est un journaliste qui a lancé l’alerte de la viande avariée venue de Pologne.

Pour une meilleure traçabilité : quels outils envisagés par les professionnels ?

Technologie blockchain : une traçabilité optimale et des informations transparentes

A chaque étape de la production jusqu’à la distribution, les différents opérateurs rentrent des données comme dans un registre virtuel mais infalsifiable. Un QR code sur le produit permettrait aux consommateurs et/ou aux professionnels d’avoir accès à un certain nombre d’informations à leur niveau. Le suivi des données est presque instantané là où hors blockchain, la remontée d’information peut prendre plusieurs jours, voir des semaines.

Mieux identifier les lots pour améliorer les dispositifs de retrait rappel

Les différents scandales sanitaires mettent en évidence des anomalies dans la procédure de retrait et rappel des produits. Les produits sont perdus dans le circuit de commercialisation, certains provenant de lots rappelés se retrouvent dans les points de vente.

  • Des codes d’identification plus détaillés voire des identifiants 2D tels que les DataMatrix/QR-codes sur les produits préemballés permettraient de mieux identifier des produits (son numéro de lot, voir un code à l’unité).

Et l’information touche qu’une minorité de consommateurs :

  • Prévoir des mesures rapides de retrait : blocage en caisse d’une référence de produit (d’un lot particulier si on améliore l’information du code barre).
  • Un site public qui sert de référence pour les rappels de produits. En cours de construction.

A quoi faire confiance ?

En France, l’origine de la viande utilisée dans les plats cuisinés est obligatoire depuis 2017, à condition qu’il y en ait plus de 8% dans la recette (en dessous, l’industriel n’a pas l’obligation de renseigner l’origine). Cela représente une avancée même si nous avions recommandé un seuil inférieur (5%) pour prendre en compte beaucoup plus de plats cuisinés (certains ravioli par exemple).
De plus, au-delà de 8%, la viande peut être étiquetée UE ou hors UE. Cette largesse ne donne pas une information suffisante, ni rassurante aux consommateurs. Nous demandons une mention explicite des pays d’origine.
Faire confiance aux filières de viande françaises. Souvent mis en avant sur l’étiquette, la viande suit un parcours plus simple et mieux suivi. Les viandes aux prix défiant toute concurrence, dont l’origine n’est pas indiquée doit interpeller.


A consulter :

  • Des clefs pour connaître la provenance des produits à retrouver ici
  • Que valent vraiment les plats préparés à base de boeuf, l'enquête de la CLCV du 29 novembre 2018 ici

Crédit photo : pixabay