L’agriculture est à l’origine de près de 20% des émissions de gaz à effet de serre (GES), essentiellement sous forme de méthane provenant des activités d'élevage et de protoxyde d'azote provenant de la fertilisation des sols. C’est dire si ce secteur est au cœur des débats de la COP21, au même titre que les transports ou la consommation d’énergie.

Mais, l’agriculture pourrait aussi faire partie des solutions pour limiter le changement climatique.

En effet, lors de leur croissance, grâce à la photosynthèse, les végétaux absorbent une partie du CO2 de l’air. Lors de leur décomposition, ce CO2 est rendu au le sol sous forme de matière organique. Si ce phénomène est très performant dans les forêts et les prairies, il l’est beaucoup moins dans les systèmes agricoles intensifs. D’où l’initiative lancée cette semaine afin de faire connaître ou mettre en place des actions concrètes permettant d’améliorer les stocks de matière organique des sols. Baptisée « 4 pour 1000 », elle part de l’idée théorique, voire utopique, que les sols du monde pourraient compenser l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre émis par la planète en un an si on augmentait leur capacité naturelle d’absorption du CO2 de 0,4 % par an (soit 4 pour 1000).

Comme toute utopie, le but est presque inatteignable. D’autant qu’il existe encore de grandes incertitudes scientifiques à ce sujet. Il est donc évident que, même si les sols sont bel et bien des puits de carbone, l’agriculture repensée ne peut pas à elle seule être LA solution miracle pour absorber toutes les émissions de gaz à effet de serre de la planète ! Cependant, tout effort pour augmenter, même de manière infime, le stock de carbone des sols agricoles permet de contribuer au respect de l’objectif de long terme de limiter la hausse des températures à +2°C. Au-delà de ce seuil, le GIEC indique que les conséquences induites par le changement climatique seraient d'une ampleur significative.

Cela ouvre donc une voie vers une nouvelle agriculture durable qui pourrait associer la lutte contre le changement climatique et la sécurité alimentaire. Celle-ci passe par la mise en place de rotations complexes de manière à ne pas laisser le sol nu, par un travail du sol différent, moins profond, par la plantation de haies, le maintien des prairies et du pâturage, par le retour au sol des résidus de culture … Autant de pratiques variées pour favoriser le stockage de carbone dans les sols comprises dans ce qu’on nomme l’agro-écologie.

Parmi les premiers membres de « 4 pour 1000 », on trouve plusieurs pays européens et non européens, des organisations internationales du secteur agricole, des instituts de recherche et des ONG.

Infographie Le 4 pour 1000