substances chimiquesLassée d’attendre la publication des critères définissant ce qu’est un perturbateur endocrinien, la Suède, avec le soutien du Parlement européen et de plusieurs Etats membres (dont la France), a introduit un recours en justice contre la Commission. (Voir post du 25 novembre 2015). A la suite de quoi, la Cour de justice européenne a conclu le 16 décembre 2015 à une carence de la Commission européenne. Quant à l’étude d'impact économique qui est en cours à la demande des industriels, la Cour a jugé qu’elle ne pouvait pas servir d’alibi à la Commission pour ne pas respecter ses engagements.

Tout cela contribue aujourd’hui à faire sortir Bruxelles de son immobilisme sur l’épineux sujet des perturbateurs endocriniens, ces substances chimiques présentent dans les cosmétiques, les détergents, les peintures ou les produits alimentaires et qu’on suspecte de jouer un rôle dans la survenue de maladies chroniques, comme les cancers hormono-dépendants, l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires.

Le commissaire européen à la santé, Vytenis Andriukaitis, a donc tenu à rassurer les eurodéputés lors de la séance plénière au Parlement européen le 2 février 2016 en s’engageant à ce que la Commission présente des critères pour encadrer les perturbateurs endocriniens avant l’été 2016. Pour autant, il ne renonce pas à l’étude d’impact, la jugeant essentielle dans l’optique d’encadrer les perturbateurs endocriniens.

En l’état actuel des connaissances, on ne peut nier qu’il reste des incertitudes scientifiques quant au mode d’action des perturbateurs endocriniens ou à leurs effets conjugués. De la même manière, on ne peut nier que le retrait de molécules chimiques aujourd’hui largement utilisées ou la recherche de substituts fiables aura un coût économique pour les entreprises qui les produisent. Mais, il est indéniable que ne rien décider ou tarder à décider a aussi un coût ! Selon une étude publiée le 5 mars 2015 dans la revue scientifique Journal of clinical endocrinology and metabolism, l’exposition humaine aux perturbateurs endocriniens coûterait au moins 157 milliards d'euros par an dans l'Union européenne.

C’est pourquoi que l’Europe a besoin d’une réglementation ambitieuse sur les perturbateurs endocriniens et non de mesurettes dictées par les industriels.