manger la nuit

Il y a presque 20 ans, des chercheurs ont mis en évidence que se nourrir en période de repos (par exemple, la nuit chez l’homme ou le jour chez la souris) perturbait la machinerie corporelle et avait des conséquences sur la santé. Mais ce n’est que très récemment qu’une équipe de l’INSERM est parvenue à comprendre pourquoi.

L’énergie que nous consommons lors de nos activités est puisée dans les glucides disponibles dans notre sang. Leur quantité dépend des aliments consommés lors des repas. Si l’on mange le jour et que l’on est actif le jour, pas de problème si le régime alimentaire est équilibré.

Mais tout se complique si on travaille le jour et qu'on mange la nuit ou l’inverse ! Dans ce cas, pour produire de l’énergie en période d’activité, faute de pouvoir utiliser des glucides directement disponibles dans le sang, l’organisme procède à la libération d’acide gras dans le sang sous l’effet de l’insuline. Or, ces acides gras se lient et activent un récepteur logé dans le noyau des cellules qui contrôle l’expression de nombreux gènes. Son activation conduit certains d’entre eux à s’exprimer de façon inopportune.

Au bout de quelques jours, le décalage entre l’horloge centrale qui fonctionne avec la lumière et les horloges périphériques affectées par le changement de rythme des repas entraine des troubles métaboliques, voire la résistance à l’insuline. Et à la longue, cela engendre des problèmes de santé comme un diabète de type 2, mais aussi des troubles de la vigilance ou de l’humeur.

D’après Pierre Chambon, un des chercheurs de l’équipe, « ces résultats expliquent pourquoi les personnes qui travaillent la nuit tout en continuant à se nourrir le jour, présentent des problèmes métaboliques. Pour l’éviter, elles devraient s’alimenter essentiellement au cours de la nuit. A l’inverse, pour les personnes vivant « normalement », ces résultats indiquent qu’elles devraient s’alimenter pendant la journée et se coucher l’estomac à moitié vide, ainsi que le préconise d’ailleurs un vieil adage ».

Source : Mukherji et coll. Proc Natl Acad Sci USA, édition en ligne du 16 novembre 2015, doi:10.1073/pnas.1519807112 et doi:10.1073/pnas.1519735112