Le département de recherche Travail, emploi et politiques publiques du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ont organisé un testing sur l’ensemble de la France métropolitaine entre juin et décembre 2016 afin de mesurer les discriminations dans l’accès au logement du parc privé.

Dans leur rapport, présenté le 15 décembre, les résultats sont édifiants. Les candidats d’origines maghrébines ou africaines ont ainsi près de 30 % de chance en moins que la moyenne d’avoir une réponse positive du loueur.

5 800 annonces testées
Les chercheurs ont écrit les réponses de huit candidats fictifs avec des profils différents, à des annonces pour la location d’un logement. Le contenu de ces réponses : demander aux loueurs des informations complémentaires pour une visite. Parmi les facteurs mis en avant dans ces profils, il y a la consonance du prénom et le nom : française, maghrébine et africaine. Au total 5 800 annonces émanant de particuliers et d’agences immobilières ont été testées dans 50 villes.

Mieux vaut s’appeler Sébastien que Mohamed
Le CNRS constate que les discriminations selon l’origine pénalisent les candidats qui indiquent par leurs noms et prénoms une origine maghrébine ou une origine africaine. Selon l’étude, par rapport « au candidat présumé d’origine française, Sébastien Petit, le candidat maghrébin Mohamed Chettouh a 26,7 % de chances en moins de voir ses démarches d’accès au logement aboutir. » Les préjugés ont la vie dure…

Les autres discriminations
Dans une enquête du Défenseur des droits rendue publique la même semaine, il ressort que : « parmi les personnes interrogées ayant recherché un logement au cours des 5 dernières années, 14 % d’entre elles déclarent avoir vécu une expérience de discrimination au cours de cette recherche. » Les candidats en situation de handicap, les mères seules avec des enfants de moins de trois ans, les personnes immigrées ou encore les personnes perçues comme noires sont particulièrement concernées.

Peu de plaintes
Malgré avoir été victime de discrimination, l’enquête du Défenseur des droits montre que très peu des personnes interrogées ont entamé des démarches. Il n’y a seulement que 11 % d’entre elles qui ont engagé une action pour défendre ou faire valoir leurs droits. Les autres candidats à la location ne font rien, jugeant les procédures complexes, voire dissuasives.

Le testing késako ?

Le dictionnaire Robert définit le testing, ou test de discrimination, comme la « pratique légale consistant à faire constater, afin qu’elle soit sanctionnée, toute forme de discrimination liée au sexe, à l’origine ou au handicap d’une personne. »

En pratique, il consiste à présenter par exemple pour une offre d’emploi, pour la location d’un logement ou à l’entrée d’une discothèque des personnes avec des profils différents : origine ethnique (africain, européen, maghrébin, …), sexe, handicap, apparence physique (personne obèse, visage disgracieux) …

En France le testing est utilisé principalement sur le marché du travail. Le testing est reconnu comme un mode de preuve par les tribunaux.

À lire :
. Les discriminations dans l'accès au logement en France : un testing de couverture nationale, rapport de recheche du TEPP du CNRS. (Décembre 2017) pdfCNRS_discrimination.pdf1.62 MB
. Enquête sur l’accès aux droits - Les discriminations dans l'accès au logement, Défenseur des droits (décembre 2017) pdf171213_ddd_ead_discrimination_logement_num.pdf571.9 KB