Après de riches débats centrés autour des 5 grands thèmes choisis par le Conseil national de la transition écologique (CNTE), la seconde édition de la conférence environnementale s’est achevée samedi 21 septembre. Dans quelques jours la feuille de route du gouvernement sera connue. Malgré l’absence de conviction de nos politiques lors de la conférence,  la CLCV a porté la voix des consommateurs dans 3 tables rondes : eau, biodiversité marine et éducation à l’environnement.

L’eau

Malgré un thème à large spectre, les débats se sont focalisés sur le problème de la pollution de l’eau et celui de la réforme des agences de l’eau.

Le célèbre binome « agriculture /pollueur payeur » a une fois de plus été dénoncé par les associations. Nonobstant des propositions intéressantes de bonus-malus, des aides des agences pour éviter la hausse de la redevance pollutions diffuses supportée à 80 % par les ménages, la majorité des participants est restée comme à son habitude dans une opposition classique.

Quant aux Agences de l’eau malmenées ces derniers temps (rapport du député Mr Lesage, Cour des comptes, remise en cause de l’ONEMA, etc), un consensus s’est mollement dégagé  pour prôner leur réforme, voire pour un net transfert des agences vers le ministère de l’Environnement. La réforme ayant le vent en poupe, on  pourrait imaginer l’avènement de quelques mesures concrètes comme la hausse de la part des mesures préventives dans le budget des Agences et l’émergence du « quatrième collège pour l’amélioration de la « gouvernance ».

La biodiversité marine 

En présence de Victorin Lurel, ministre des Outre-Mer, et de Frédéric Cuvillier, ministre chargé de la Mer et de la Pêche, une soixantaine de participants ont été invités à réfléchir et à émettre des pistes de propositions sur les 4 thèmes suivants : l’action internationale de la France pour la protection juridique et la gouvernance de la haute mer, l’exploitation durable des ressources en milieu marin, l’amélioration des connaissances et le cas particulier de l’Outre-Mer.

Les débats ont été nombreux, parfois houleux, en particulier sur la pêche en eau profonde, mais la CLCV - seule association de consommateurs présente à cette table ronde -  a proposé des mesures qui permettront aux consommateurs de devenir enfin des acteurs de la transition écologique marine.

En effet, ce thème est trop souvent laisse de côté alors que la protection des océans est l’affaire de tous. Pour le moment le consommateur n’a pas la faculté d’agir pour préserver les ressources marines alors qu’il pourrait contribuer à une exploitation durable des ressources notamment grâce à la mise en place d’un label de qualité sur la pêche durable du type « Mr.Goodfisch ». En outre, la société civile, les associations doivent pouvoir participer à l’élaboration de la position de la France sur la gouvernance de la mer et tout doit être fait pour « vulgariser » les connaissances sur les questions complexes de biodiversité marine.

Concernant la recherche scientifique, il a été proposé, entre autre, de travailler sur le lien Terre-Mer (impact des pesticides, de l’assainissement et des déchets).
Ces problématiques bien connues à la CLCV concernent en particulier les Outre-Mer. Leur résolution est indispensable pour le développement d’une croissance bleue dans les territoires ultra-marins, tout comme l’étude de nouveaux modes d’aquaculture, respectueux de l’environnement.

Education à l’environnement 

Cette table ronde a été très décevante, et montre hélas qu’il n’existe toujours pas depuis le Sommet de la Terre, il y a 20 ans de cela, un cadre général d’éducation au développement durable !

Ainsi la première partie de la table ronde a été consacrée à la formation dans le primaire et le secondaire : lieux d’apprentissage et d’expérimentation à l’éducation au développement durable et aux initiatives de terrain. Les interventions ont tourné autour de l’ouverture de l’école vers l’extérieur : visite d‘un centre de déchets, observation des oiseaux... Mais on en est toujours au stade expérimental.

Les débats ont aussi porté sur l’évolution de l’éducation à l’environnement et au développement durable pour tous ! Comme si aujourd’hui on parlait pour la première fois de développement durable !

Les discours tenus paraissent ancestraux par rapport à la rapidité de la dégradation de notre environnement et aux changements des modes de consommation. Nous avons donc mis l’accent sur l’apprentissage de l’écocitoyenneté tout au long de la vie : comprendre une facture, maitriser les charges locatives, savoir lire une étiquette, se poser la question de l’achat utile. Et sur l’indispensable nécessité d’obtenir de vrais budgets pour des programmes d’éducation encadrés et évalués et des financements spécifiques pour des initiatives locales éco-citoyennes.

Déclaration du président 

Enfin, lors de l’ouverture de la conférence, le président de la République a annoncé l’abaissement de la TVA sur les travaux de rénovation dans le logement à 5 % (au lieu de 7 % aujourd’hui et 10 % en 2014). Une mesure positive puisqu’elle concernera tous les particuliers, sans conditions de ressources. Il faudra toutefois vérifier que la baisse est bien répercutée sur le coût des travaux, qu’il n’y a pas d’effet d’aubaine de la part des professionnels et que tous les travaux de rénovation thermique sont bien concernés.

Le président de la République a également annoncé un changement de définition du prêt travaux  (qui serait proche du taux des prêts immobiliers et non plus de celui des crédits à la consommation) ainsi que des financements innovants. Un plus indéniable par rapport à l’existant, qui comporte toutefois des limites : à la complexité administrative s’ajoutent des plafonds de revenus (pour bénéficier des dispositifs d’aide) qui  excluent une bonne part des particuliers.

Concernant la fiscalité écologique, il y aura bien une augmentation des taxes sur les énergies (électricité, gaz, carburants), ce qui est problématique pour le pouvoir d’achat des consommateurs.