Depuis 2013, la firme H&M a incinéré 12 tonnes de vêtements invendus. Cette information révélée par des journalistes danois a permis de tourner les regards sur un phénomène majeur de la société de consommation : le gaspillage vestimentaire lié à la « fast fashion » ou le besoin de changer très souvent de vêtements pour rester à la mode. Selon l’Ademe, nous achetons 60 % de vêtements en plus qu’il y a 15 ans… 70 % de notre garde-robe n’est jamais utilisé ! En France, selon l’éco-organisme textile Eco TLC, 2,6 milliards de textiles sont mis sur le marché tous les ans, soit 9,5 kg par an et par habitant. En 2017, seulement 36 % de ces textiles a été collectés selon l’Institut national de l’économie circulaire (Inec).

Les coûts et les impacts du gaspillage

On estime que l’industrie du textile est une des plus polluante au monde. Prenons l’exemple du jean : sa production nécessite la consommation de 11 000 litres d’eau selon l’ADEME, soit l’équivalent de 285 douches. Les pollutions générées par les produits toxiques employés pour la teinture peuvent se retrouver dans l’eau lors des lavages et impactent également la santé humaine par le développement d’allergies. De manière générale, la production et le transport des textiles sont responsables de l’émission de 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre par an selon l’Inec. Ce chiffre risque d’augmenter toujours plus alors que la production de vêtement devrait tripler d’ici 2050.

Interdiction de détruire les invendus

Le projet de loi économie circulaire devrait se saisir de ce gaspillage en interdisant l’élimination des invendus des produits non alimentaires. Le gouvernement va s’inspirer de la mesure déjà mise en place pour lutter contre le gaspillage alimentaire pour mettre fin à la pratique qui consistait à déverser de la javel sur des aliments intacts mais non vendus. Cette mesure concernera le textile à la fin de l’année 2021. Elle sera étendue aux produits électroniques et aux produits d’hygiène du quotidien d’ici 2023.

Le recyclage pourvoyeur d’emplois

Des projets se sont développés pour donner une seconde vie aux vêtements et créer des emplois. Les Résilientes sont des collections d’objets réalisées par les salariés en insertion d’Emmaüs Alternatives à partir d’objets et de matériaux de récupération. Des pulls abîmés deviennent une collection de coussins brodés, d’anciens rideaux et coupons textile des poufs et des pulls en cachemire usagés sont réutilisés pour créer des bouillotes. En Bretagne, deux soeurs et leur père ont développé leur marque de vêtement « made in France » recyclant les vieilles combinaisons de plongée sous-marine et de surf.

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