Sur les plages, le long des cours d’eau ou en vous promenant en ville vous n’y échapperez pas : les déchets sont partout. Qu’il s’agisse des mégots de cigarettes, de bouteilles en plastique ou de cannettes, des efforts considérables restent à faire pour réduire les nombreuses pollutions engendrées par les déchets. Face à ce constat, la secrétaire d’État à la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, a présenté le 10 juillet 2019 le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire.

Attendu depuis plusieurs mois et donnant suite à la feuille de route pour l’économie circulaire, ce texte vise, selon la ministre, à sortir du schéma « produire, utiliser, jeter » pour privilégier une économie « où l’on conçoit mieux les produits, on les utilise, on les répare, on les réemploie, on les recycle ». L’enjeu est important pour la France, qui produit chaque année 4,6 tonnes de déchets par an et par habitant selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). La loi devrait être votée début 2020.

Économie circulaire : des déchets qui valent de l’or

Faire des déchets des uns les ressources des autres, c’est le principe de l’économie circulaire. Ce concept désigne un modèle économique dont l’objectif est de produire des biens et des services de manière durable, en limitant la consommation, le gaspillage des ressources et la production des déchets. Il s’agit de rompre avec le modèle de l’économie linéaire : extraire, fabriquer, consommer, jeter. 

L’économie circulaire instaure une boucle doublement vertueuse. Vertueuse pour l’environnement parce qu'elle doit permettre de limiter la consommation de matières premières essentielles comme le sable ou les métaux rares. Vertueuse également pour le porte-monnaie. Par exemple, réparer votre vieux vélo plutôt qu’acquérir un vélo neuf et souvent plus coûteux. CQFD. C’est l’ensemble de l’économie qui devrait ainsi en tirer profit grâce à la création de 500 000 emplois en France selon le ministère de l’Économie.

Une loi anti-gaspillage pour une économie circulaire

L’objectif du gouvernement est de faire évoluer la société du tout jetable à une société du recyclage, pour parvenir à diminuer la production de déchets et à développer les filières de la réparation. Les consommateurs sont largement concernés par la future loi. En effet, le projet prévoit d’améliorer de manière significative l’information sur la durabilité des produits, sur la disponibilité des pièces détachées nécessaires à la réparation de certains biens ou encore d’harmoniser les consignes de tri par une signalétique plus claire.

Concrètement, les changements seront visibles au quotidien pour les consommateurs avec par exemple le développement du logo « Triman ». Il indiquera plus rapidement et plus simplement la nécessité de trier le produit (emballages ménagers, meubles, textile…) pour un meilleur recyclage. Le projet de loi doit également incarner la guerre menée contre la pollution plastique, pour favoriser l’objectif de 100% de plastiques recyclés d’ici 2025. Dans ce domaine, la France est un mauvais élève en recyclant seulement 26% des emballages plastiques et 60% des bouteilles en plastique alors que nous sommes le premier pays au monde producteur d’eau en bouteille !

Des avancées mais…

Le secteur des déchets nécessitait un certain dépoussiérage afin d’actualiser la réglementation française aux nouveaux enjeux de l’économie circulaire. Sur ce point le projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire est salutaire. Notre association regrette néanmoins certains engagements du gouvernement et l’absence de précision de mesures emblématiques du projet de loi. La mesure la plus médiatisée par le gouvernement est l’instauration d’une consigne sur les bouteilles en plastique pour recyclage.

Loin de faire référence à la consigne du verre pour réutilisation, largement plébiscitée par les Français, la consigne sur les bouteilles en plastique est une fausse bonne idée. Le principe est simple : augmenter de quelques centimes le prix de l’eau en bouteille pour inciter les consommateurs à la rapporter en magasin et obtenir un bon d’achat ou quelques centimes. Si cette mesure semble aller dans le bon sens pour l’environnement, celle-ci n’est en réalité pas satisfaisante. En effet, cette consigne n’est en rien une mesure permettant de diminuer les déchets plastiques à la source. Alors que la CLCV milite depuis des années pour la consommation d’eau du robinet, l’instauration d’une consigne risque de renforcer l’usage de l’eau en bouteille en créant la monétarisation d’un geste de tri.

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