Depuis une dizaine d’années, le crowdfunding – que l’on traduit littéralement par « financement par la foule » - ou financement participatif fait des émules et prend de l’ampleur partout dans le monde. En 2008, en France, la société MyMajorCompany a été une des premières à solliciter les internautes pour lancer la carrière d’un artiste prometteur. Six ans plus tard, le modèle a fait école. Musique, livres, art et patrimoine, films et vidéos, mode, cuisine, voyages ou missions humanitaires… : des milliers de projets artistiques, humanitaires ou professionnels se concrétisent chaque année grâce au financement participatif. Un concept qui repose à l’origine sur l’affectif et la confiance.

Du don désintéressé au business

Le principe est simple : un internaute dépose son projet sur un site de crowdfunding et indique la somme dont il a besoin pour le mener à bien. Toute personne est alors libre d’y contribuer moyennant une rétribution plus ou moins symbolique. Si le projet n’obtient pas le montant requis dans le temps voulu, la collecte est annulée selon la règle en vigueur sur la plupart des sites.

Surfant sur la dynamique de ce concept, de nouveaux venus ont fait leur apparition. Animés par un esprit plus « business », ils ont aussi modifié les règles du jeu sans que cela soit forcément visible.

Ainsi, sur certaines plateformes, si l’on regarde de plus près les conditions générales d’utilisation (CGU), on s’aperçoit que certaines clauses sont potentiellement abusives. Ainsi, il est possible que le site modifie les conditions d’utilisation tant pour l’internaute qui donne que le porteur du projet, sans les avertir et sans leur donner la possibilité de tout arrêter. Il est aussi possible de se voir exclu du site sans avertissement ou même de voir son argent séquestré de manière arbitraire par le site.

Un conseil : si l’aventure vous tente, avant de vous engager, regardez à la loupe les conditions générales d’utilisation imposées par le site et ainsi éviter toute mauvaise surprise.

Un mot, plusieurs réalités

Sous l’appellation crowdfunding se cachent aussi d’autres réalités. En effet, ce terme est aussi employé pour le prêt d’argent ou l’offre d’actions et d’obligations à des particuliers.

En ces temps de crise, il n’est pas toujours facile de négocier avec les banques et d’obtenir un prêt. Le financement participatif semble alors une opportunité.

Le principe est le suivant : des sites dédiés se chargent de collecter l’argent de particuliers, voire d’entreprises et le répartissent entre les particuliers en quête de crédits pour des travaux, des achats divers et variés, créer une entreprise, etc.

Si le concept part d’un bon sentiment, les garanties ne sont pas forcément au rendez-vous.

En effet, en fonction de la forme de la plateforme de financement, la protection qui vous est accordée peut être équivalente à celle des banques mais parfois inférieure et voire même inexistante pour les prêts sans intérêts. Le risque ? Ne pas retrouver sa mise notamment en cas de faillite.

A la CLCV, nous demandons l’application d’une régulation et d’une protection équivalente à celle du secteur bancaire car ces crédits engagent tout autant que ceux pris auprès d’une banque. Malheureusement, sous l’impulsion de la Banque de France, la règlementation du crowdfunding semble se diriger vers un niveau intermédiaire ne convenant ni aux particuliers car pas assez protecteur, ni aux banques car vécu comme de la concurrence déloyale. Le développement du financement participatif doit être facilité mais pas au prix d’une moindre protection du consommateur.

Fausses promesses

En outre, certains sites de crowdfunding spécialisés dans les prêts d’argent affirment proposer « les meilleurs taux du marché ». Or, une rapide comparaison permet de constater que certains établissements bancaires traditionnels proposent des taux meilleur marché. Il s’agit clairement de publicités trompeuses.

De même, affirmer être totalement hors du système bancaire, comme le font certains sites, et avoir une banque comme actionnaire principal et être soi-même un établissement de crédit, c’est-à-dire une banque, pose un réel problème déontologique.

Le particulier qui contribue à ces plateformes doit recevoir une information complète et loyale. À cet égard, connaitre les éventuels liens financiers unissant la plateforme à la banque est absolument indispensable. Un même souci de transparence commande que tous les frais de gestion de la plateforme soient clairement indiqués, le consommateur doit connaitre la proportion de sa contribution effectivement attribuée au projet.

Le crowdfunding revêt donc des formes multiples et draine de plus en plus d’argent. En 2012, l’ensemble des plateformes dans le monde a levé un total de 2 milliards d’euros de fonds.

Face à la multiplicité de l’offre et avant de vous engager dans un projet ou de vous inscrire pour concrétiser le vôtre, soyez bien vigilant : vous éviterez bien des déconvenues.