La CLCV considère que les protéines animales transformées[1] doivent demeurer interdites pour un certain nombre de raisons qui ont été clairement identifiées par le CNA.

En premier lieu, il n’existe pas à ce jour de méthode d’analyse fiable permettant une traçabilité satisfaisante de ces produits. Cette traçabilité, pourtant indispensable, sera d’autant moins garantie que les usines produisant des aliments pour animaux  le font souvent pour plusieurs espèces. Dans ces conditions, il est manifestement impossible d’assurer l’absence de recyclage intra-espèce que recommandent les agences sanitaires en application du principe de précaution.

Quant au bénéfice technico-économique d’une utilisation des protéines animales transformées pour les éleveurs, il reste à démontrer. Si tant est que ce bénéfice existe, il sera modeste et ne permettra pas aux élevages européens ou français de combler les importants écarts de compétitivité existant avec les éleveurs du Brésil et d’Asie du Sud Est.

Enfin et surtout, les consommateurs sont aujourd’hui très majoritairement opposés à l’utilisation de sous-produits animaux dans l’alimentation animale. Un récent sondage que nous avons réalisé auprès de 1500 internautes montre que 87% des consommateurs sont hostiles à ces pratiques. Le traumatisme de la vache folle a laissé une empreinte durable dans l’opinion qui demeure très méfiante sur ce sujet. Envisager l’utilisation de protéines animales transformées, même si les ruminants ne sont pas concernés, pourrait dès lors conduire les consommateurs à se détourner des produits carnés.

Il est important de signaler aux consommateurs que si les farines animales sont interdites en Europe, en revanche, nous importons du porc et de la volaille en provenance de pays tiers où ces farines sont autorisées ! Les consommateurs qui ne veulent pas de ces produits ont donc tout intérêt à vérifier l’origine des viandes qu’ils achètent. Pour l’instant, cette information est seulement de nature volontaire mais elle devrait heureusement devenir obligatoire y compris pour les plats cuisinés et les autres produits transformés.



[1] A l’inverse des farines animales qui pouvaient être issues d’animaux morts ou retrouvés malades, seuls des coproduits d’abattage d’animaux sains sont autorisés pour la production des protéines animales transformées.