Le groupe Danone vient de rendre public son partenariat avec les AGF pour le remboursement des yaourts enrichis en stérols végétaux de la marque Danacol, censés réduire le taux de mauvais cholestérol. Il s'agit là d'un nouveau coup ' marketing santé ', en tout point comparable à l'opération lancée par Unilever et la Maaf autour des produits Pro activ.

La CLCV dénonce fermement ces pratiques qui instrumentalisent les préoccupations de santé des consommateurs à des fins purement commerciales.

Dans un récent avis, l'Afssaps a souligné le caractère simpliste des messages délivrés ainsi par les fabricants et dénoncé un ' usage détourné ' des recommandations de santé publique. Et en effet, Danone et les AGF laissent penser que Danacol suffit à faire baisser le taux de cholestérol en quelques semaines. Ces opérateurs prennent ainsi le risque de présenter un yaourt comme un produit miracle qui pourrait se substituer aux prises en charge conventionnelles. Pourtant, tous les professionnels de la santé s'accordent à affirmer qu'un traitement anticholestérol repose avant tout sur une alimentation équilibrée et une activité physique régulière.

De plus, nous rappelons que l'Afssa a déconseillé aux enfants et aux femmes enceintes ou allaitant la consommation de ces produits. Elle s'inquiète également des risques de surdosage et a émis un avis défavorable à l'enrichissement en phytostérols des produits laitiers. Dès lors, est-il cohérent et admissible qu'ils se multiplient sur les rayons des supermarchés ?

Plus globalement, nous réaffirmons la nécessité de distinguer aliments et médicaments. Comment des produits censés traiter certaines maladies peuvent-ils être distribués librement, sans suivi médical aucun, et sans que l'on s'interroge sur les conséquences de leur consommation à long terme ? L'engagement des assurances santé sur ce terrain nous paraît irresponsable. Nous trouvons très choquant que les AGF proposent un remboursement de yaourts sur trois mois, sans avis médical et sans se préoccuper d'une prise en charge dans la durée, pourtant indispensable.

Face à ces pratiques qui perturbent toujours plus les repères du public en matière de santé et de nutrition, la CLCV encourage les consommateurs à diversifier leur alimentation en recourant à des produits simples et notamment aux fruits et légumes. Nous militons également pour la mise en place d'une législation européenne qui permettra enfin d'encadrer rigoureusement les allégations santé.

Inquiète des dérives actuelles, la CLCV se demande à qui profite " le crime ". Aux professionnels, incontestablement : les AGF y gagneront des assurés et Danone des parts de marché et des marges substantielles, les yaourts enrichis étant deux fois plus chers. Quant aux consommateurs, ils risquent de nouveau d'être abusés par des messages trompeurs. C'est pourquoi, la CLCV se réserve le droit d'agir en justice contre les professionnels concernés.