Une nouvelle fois, la rentrée sera synonyme d'augmentation du prix du pain, mais cette année la note sera sans doute un peu plus lourde pour les consommateurs. Les artisans annoncent une hausse d'environ 5%, tandis que les fournisseurs de la grande distribution parlent d'au moins 8%. Principale raison invoquée par les professionnels : l'envolée spectaculaire du cours du blé observée ces derniers mois.

Cet argument est il totalement fondé ? Certes, la demande liée aux agrocarburants et aux pays émergents tire les prix vers le haut. Mais il faut aussi rappeler que les marchés agricoles internationaux sont particulièrement instables : les aléas climatiques, nombreux cette année, ainsi que la spéculation peuvent entraîner des hausses aussi fortes que temporaires. Il est alors aisé de mettre en avant des flambées de cours en omettant de préciser qu'elles ne sont pas nécessairement durables.

En revanche, l'augmentation du prix du pain, elle, est régulière et continue : 50 % au cours des quinze dernières années, avec une et parfois deux hausses annuelles. Il est d'ailleurs frappant de noter que cette évolution sur le long terme est complètement déconnectée de celle du cours du blé. Ainsi, alors qu'entre 1992 et 2006, la baguette grimpait de 0.53 à 0.8 euros, le prix du blé baissait, passant de 190 à 125 euros la tonne ! La CLCV constate aussi que les évolutions du marché du blé sont répercutées à sens unique : toujours à la hausse, mais jamais à la baisse.

La CLCV vient de réaliser des relevés de prix dans une centaine de boulangeries parisiennes et sera particulièrement vigilante à l'évolution des tarifs dans les semaines et mois à venir. Rappelons que le prix du blé payé à l'agriculteur ne représente au final que 4 à 5 % du prix du pain. De quoi relativiser l'ampleur des augmentations annoncées comme inéluctables.

Nous appelons également les boulangers à se mettre rapidement en conformité avec la réglementation sur l'affichage des prix. Notre récente enquête montre que seules 11 % des boulangeries disposent de tableaux de prix répondant aux exigences légales. Ajouter à cela les déficiences parfois constatées sur l'affichage ' individuel ' (poids des pains non précisés par exemple), et les consommateurs se trouvent bien démunis pour comparer et acheter au meilleur prix. Dans le climat actuel, les règles d'affichage prennent pourtant tout leur sens car il est plus que jamais nécessaire que les professionnels assurent la transparence sur leurs tarifs.