Fruits et légumes secs, riz, pâtes, céréales du petit-déjeuner, mais aussi savons et lessives… En réponse à une demande toujours plus croissante des consommateurs, les produits en vrac sont en plein essor dans les supermarchés et les boutiques spécialisées ou bios. Cette tendance « zéro déchet » a pourtant ses propres règles. Découverte de certaines idées reçues avec Lucia Pereira, directrice des affaires réglementaires et juridiques de l’association Réseau Vrac et Réemploi.

Je peux goûter avant d’acheter

Faux. Grignoter des noix dans l’espace de vente sans acte d’achat est interdit et considéré comme un vol, sauf si le commerçant vous le propose à travers une dégustation.

Mais, « le plus ennuyeux pour les magasins n’est pas vraiment le grignotage dans les rayons, mais plutôt l’abandon des emballages de produits vrac, ce qui peut entraîner du gaspillage alimentaire. En effet, pour des raisons d’hygiène et de traçabilité, si le produit sort du silo ou du bac à pelle, le commerçant ne peut pas le retransvaser si le consommateur change d’avis et n’en veut plus arrivé à la caisse, d’où l’importance que le rayon vrac soit en permanence géré par un membre du personnel formé qui peut accompagner le client si besoin et des affichages de sensibilisation. », explique Lucia Pereira.

Le vrac est moins hygiénique que les produits sous emballage

En théorie, non. Le magasin est soumis aux mêmes obligations de résultat en matière d’hygiène et de traçabilité sur tous les produits, qu’ils soient vendus sous emballage ou en vrac. Mais en pratique, ce n’est pas si simple. « Dans les boutiques spécialisées vrac, les équipes sont souvent formées aux opérations d’entretien nettoyage/désinfection des silos et des bacs, et au stockage des marchandises dans de bonnes conditions. Elles sont également plus présentes en rayon et peuvent intervenir en direct auprès des consommateurs. C’est plus difficile dans la grande distribution où la politique de vente est différente. L’hygiène peut alors faire défaut. Toutefois, c’est en voie d’amélioration, car les grandes enseignes trouvent aujourd’hui de plus en plus de solutions pour garantir un meilleur service (silos déjà prêts à l’emploi avec nettoyage en sous-traitance par exemple)», explique Lucia Pereira.

On peut ramener son propre contenant

Vrai. La loi relative à la lutte contre le gaspillage (article L.120-2 du code de la consommation) autorise les consommateurs à apporter leurs propres contenants pour les produits alimentaires et à être servi avec. Il est donc possible d’amener son sac à pain en boulangerie pour recueillir sa baguette ou sa boîte chez son charcutier, pour sa tranche de terrine ou de jambon.

Pour les aliments, le contenant doit être apte au contact alimentaire (il porte le symbole représentant un verre à pied accompagné d’une fourchette ou la mention « convient pour aliments »), visiblement propre et sec. La loi tolère néanmoins que le commerçant, après en avoir informé sa clientèle, impose ses propres contenants réemployables notamment pour des questions de pesée et de tare.

L’étiquetage des denrées alimentaires en vrac est aussi réglementé que ceux sous emballage

Pas vraiment. La réglementation sur l’étiquetage des denrées alimentaires diffère dans la mesure où le produit est proposé « préemballé » ou « non préemballé ». Dans ce dernier cas, certaines informations ne sont pas obligatoires comme la durée de conservation (date limite de consommation et date de durabilité minimale), le mode d’emploi (modalités de conservation après achat, préparation, cuisson ou utilisation) ou encore les informations d’identification des lots pour faciliter les possibles procédures de rappels. « Il s’agit d’un vide juridique qu’il convient de combler : lorsque les denrées alimentaires sont vendues en libre-service en vrac, le commerçant n’est pas forcément présent pour répondre aux questions du client. C’est amené à évoluer dans les prochaines années. Pour le moment, au sein de Réseau Vrac et Réemploi, nous conseillons aux commerçants d’afficher volontairement plus d’informations que celles imposées par la réglementation, afin de rassurer les consommateurs. », ajoute Lucia Pereira.

Tous les produits de consommation courante peuvent être trouvés en vrac

Faux. Pour être qualifié de « vente en vrac », le produit doit respecter trois conditions : être présenté sans emballage, vendu dans la quantité choisie par le consommateur et conditionné dans des contenants réemployables ou réutilisables. Aujourd’hui, de nombreux produits de consommation peuvent être vendus en vrac, mais il existe des exceptions.

 C’est le cas pour les produits surgelés, le lait pasteurisé, les compléments alimentaires et les préparations pour nourrissons (lait infantile). « Ces interdictions proviennent de textes européens, qui sont amenées à évoluer au fur et à mesure du développement du vrac et des dispositifs mis en place. On retrouve aussi des conditions spécifiques applicables à la vente en vrac de cosmétiques, de détergents et de l’huile d’olive. », exprime Lucia Pereira.

Achat en vrac : plus cher ?

Tout dépend du produit. Selon une étude de l’Ademe et de l’Institut national de la consommation en 2021, les produits bio vendus en vrac sont globalement moins chers que les mêmes produits bio vendus préemballés (écarts allant de - 4 % à - 22 %). « Selon cette étude, ce sont les magasins bio qui proposent les produits en vrac les moins chers comparés à la grande distribution. », explique Chloé Liard, directrice des opérations et du développement de l’association Réseau Vrac et Réemploi. En revanche, ce qui est valable pour les produits bio ne l’est pas avec les produits conventionnels (non bio), qui apparaissent majoritairement plus chers en vrac qu’en préemballé.

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